Montpellier: Un chercheur veut utiliser du venin pour créer de nouveaux médicaments
RECHERCHE•Sébastien Dutertre travaille notamment sur les vertus des toxines contenues dans le venin d'un scorpion...Nicolas Bonzom
Sébastien Dutertre travaille à l’Institut des biomolécules Max Mousseron, à l’université de Montpellier. Depuis plusieurs années, ce chercheur se passionne pour un thème qui en effraierait plus d’un(e): les animaux toxiques. Leur venin, parfois aussi dangereux pour l’homme que pour leurs proies, pourrait s’avérer utile pour notre santé. Utiliser les sécrétions de serpents, d’araignées, de scorpions ou de certains molusques (comme les cônes) pour créer des médicaments, c’est tout l’enjeu des recherches de Sébastien Dutertre.
Le scorpion languedocien
«Nous cherchons à utiliser le venin de certaines espèces, pour trouver des molécules capables d’agir sur des maladies comme le cancer, Parkinson ou Alzheimer par exemple», note-t-il. Le procédé existe déjà: le Byetta, réalisé à partir de la salive d’un gros lézard originaire du Mexique, le monstre de Gila, prescrit aux personnes diabétiques, ou le Captopril, issu du venin d’une vipère brésilienne, utilisé dans le cadre d’un traitement de l’hypertension. A Montpellier, on cherche à aller encore plus loin. Actuellement, le travail de Sébastien Dutertre se porte sur le Buthus occitanus. Ce scorpion «languedocien», de couleur jaune, est l’un des plus grands en Europe (8 cm de la queue aux pinces).
Si sa piqûre ne peut être que «très douloureuse» chez nous, elle peut s’avérer mortelle, en Afrique du Nord, par exemple, où la bestiole «fait des victimes chez les jeunes enfants, reprend le chercheur. La possibilité d’utiliser des toxines contenues dans son venin, pour en faire un médicament, c’est nouveau. Je cherche à savoir en quoi cela pourrait être utile.» Avec, peut-être un jour, à la clé, dans nos pharmacies, un remède languedocien réalisé à partir de ces redoutables prédateurs à pinces...