Montpellier: Sept mois de prison ferme pour l'ex-professeur qui avait tenté de tuer sa mère, atteinte d’Alzheimer
JUSTICE•Face aux assises de l'Hérault, Bernadette Colin a confié qu'elle ne supportait plus «la déchéance» de sa mère, âgée de 87 ans...Nicolas Bonzom
Les assises de l'Hérault ont rendu leur verdict, ce lundi: Bernadette Colin écope de cinq ans de prison, dont 53 mois avec sursis, soit sept mois de prison ferme, pour avoir tenté de tuer à plusieurs reprises sa mère de 87 ans, atteinte de la maladie d’Alzheimer. La peine couvre la période de détention provisoire: elle n'ira donc plus en prison. Une condamnation assortie d'une obligation de soins pendant trois ans. L'avocat général avait requis une peine d'emprisonnement de cinq ans dont deux fermes. «Elle avait la volonté de mettre un terme à une souffrance dramatique pour toute la famille», notait un peu plus tôt dans la matinée Armand Cascio, son avocat. Cette ancienne professeur de français de 64 ans, aujourd'hui suspendue de l’Éducation nationale avait tenté d'empoisonner sa mère, de l'étrangler, de l'étouffer puis de la poignarder. En vain: la victime a survécu à toutes les tentatives, sans jamais se souvenir des agissements de sa fille. Elle est morte trois ans plus tard, d'un cancer.
«Une mort douce et paisible»
Un verdict qui intervient après trois jours de procès douloureux, et suivi de près par les associations et les médias. L'histoire commence le 24 avril 2009: venue rendre visite à sa mère pour les vacances scolaires, Bernadette Colin tente de lui donner «une mort douce et paisible» dit-elle, en lui faisant avaler un cocktail d'alcool et de médicaments. La vieille dame ne fait que s'endormir... A son réveil, elle aurait alors tenté de l'étrangler, avec une cordelette, de l'étouffer, avec un oreiller, puis de la poignarder. La tentative échoue: la lame se tord contre une côte, ne provoquant que quelques entailles. Blessée, sa mère est retrouvée dans une mare de sang, le lendemain.
Rapidement, les soupçons se portent immédiatement vers sa fille, retrouvée avec du sang séché sur les mains. «Ce n'était pas une euthanasie, ma mère ne m'a jamais demandé de l'aider à mourir, a confié Bernadette Colin. C'était avant tout égoïste. J'ai fait ça pour aller mieux, parce que je ne supportais plus sa déchéance. Il fallait que l'une meure pour que les autres vivent. Je n'avais pensé qu'aux médicaments, le reste a été de l'improvisation dans l'affolement.» Le soir du 24 avril, l'ancienne professeur avait voulu maquiller son crime en suicide, en envoyant un SMS à une amie, lui indiquant que sa mère avait mis fin à ses jours. Plusieurs experts ont signifié «l'altération du discernement» de l'accusée, lors des passages à l'acte, diagnostiquant un état «bipolaire».