Montpellier: le bonus à la signature du nouveau patron de Sanofi suscite l'indignation des salariés
SOCIAL•Le poids lourd du Cac 40 mène une politique de restructuration qui entraîne une saignée des effectifs sur les sites de Montpellier et ToulouseJérôme Diesnis
«Indécent», «scandaleux», «édifiant». L’annonce de l’arrivée d’un nouveau patron, Olivier Brandicourt, accompagné d’un «welcome bonus» pouvant grimper jusqu’à 4 millions d’euros passe très mal auprès des salariés de Sanofi. Le site de Montpelier, durement touché par la vague de départ et la cession de la recherche, n’héberge plus que 800 salariés alors qu’il fut prévu à l’origine pour en accueillir 1800. Il a fait l’objet de multiples vagues de départ depuis 2009 et les premières mesures sur le secteur de l'oncologie. «Au-delà du montant, ce qui me choque, c’est ce qu’ils font avec cet argent. C’est indexé sur quelle réussite ? s’interroge Christophe Roque, représentant syndical CGC-CFE. Sur les restructurations, les fermetures de site, les cessions ?»
Réunion au siège de Sanofi jeudi
Un bonus jugé «scandaleux dans le contexte actuel de l’entreprise» pour Michel, un ancien salarié. Depuis le dernier plan de restructuration lancé au premier trimestre 2014, le site de Montpellier a fait l’objet d’environ 200 départs, par mutation ou volontaires pour mesure d’âge pour l’essentiel. Selon les syndicats, les émoluments des salariés restants à l’intérieur du groupe pharmaceutique n’ont pas varié. «Il n’y a aucune augmentation générale depuis deux ans au sein du groupe, même pas le rattrapage du coût de la vie, reprend Christophe Roque. Ce que l’on entend est indécent.»
L’amertume est la même à Toulouse, où la société Evotec doit reprendre les plateformes recherche et technologie de Sanofi et les salariés du poids lourd du Cac 40. L’accord prévoit une prime de 20.000 euros bruts pas salarié en contrepartie de leur départ du groupe, quand les salariés en espéraient 2,5 fois plus. «Entendre parler de telles sommes est édifiant, alors que les salariés poussés hors du groupe ne peuvent même pas prétendre à une prime de cession de 50.000 euros, se désole Marc, qui s’apprête à quitter la mort dans l'âme le groupe Sanofi à Toulouse. Et ceux qui restent à Montpellier ne bénéficient d’aucune augmentation salariale digne». Jeudi, au siège de Chilly-Mazarin, l’intersyndicale va tenter de porter la prime de cession à 50.000 euros.