Montpellier: Malgré le consensus général, le projet de réserve marine de Palavas n'avance pas
ENVIRONNEMENT•Le projet fait l’unanimité, sa mise en place est difficile car ses conséquences économiques ne sont pas acceptées en l'état par tous les professionnels de la mer.Jérôme Diesnis
Sur les espaces publicitaires de la ville, quelques affiches annoncent une future réserve naturelle au large de Palavas, à cheval avec Carnon. Située à environ deux miles nautiques de la côte, cette zone de cantonnement d’une centaine d’hectares n’a pas encore d’existence officielle. « Avec des exagérations, on a tué les petits alevins, regrette le maire, Christian Jeanjean (UMP). On doit laisser le temps à la nature de se refaire une santé sur une durée de cinq à dix ans. »
Pêcheurs contre plongeurs
Voté au conseil municipal, le projet n’est pas un vœu pieu. Il a notamment le soutien de la prud’homie de Palavas, représentant les pêcheurs de la zone. « Toute la profession est d’accord, alors que nos intérêts sont en jeu, souligne le premier prud’homme Didier Daynac. Mais on se heurte à la volonté de clubs de plongée. La préfecture maritime nous demande un consensus impossible à trouver. S’il le faut, on s’adressera directement au ministère de l’environnement. »
Outre le tourisme, l’économie de Palavas est aussi liée à la mer. La pêche, la plaisance, mais pas seulement. « On se réjouit de ce projet. Mais on aimerait davantage de concertation », souligne Nicole Boulay, présidente du comité départemental des sports sous-marins. « On est prêt à des efforts, mais — alors que nous préservons à l’année ce milieu — on ne peut pas nous interdire totalement l’accès au principal plateau du bassin montpelliérain. Toute l’activité économique du secteur serait menacée. »
Une quinzaine de structures professionnelles et associatives est concernée. Pêcheurs, édiles locaux et plongeurs sont d’accord sur la nécessité de protéger cette zone. Reste à trouver un terrain d’entente pour empoissonner le secteur. Car le temps presse et les réserves s'amenuisent. « Une ville traditionnele comme Palavas, sans pecheur, y perdrait notre âme, s'alarme Christian Jeanjean. Il y a les pêcheurs, mais les plaisantiers aiment aussi taquiner le poisson. S'ils rentrent bredouills dix fois, ils ne viendront plus. Derrière, c'est toute une économie qui dépend de cette activité: voiles, moteurs, peintures, entretien des bateaux. Pour creér des emplois, il faut faire sacrifice. »