Montpellier: Pour Philippe Saurel, «la vraie compétition est avec Sydney ou Tokyo»
POLITIQUE•Philippe Saurel a obtenu la création d'une métropole, à laquelle ont adhéré les 30 autres maires de l'agglomérationJérôme Diesnis
Le 24 octobre a marqué la victoire politique de Philippe Saurel (DVG). Le maire de Montpellier a obtenu par consensus auprès des 30 autres édiles de l’agglo, ce que la loi lui avait accordé à moitié, l’obligeant à passer par un scrutin universel indirect: le passage au 1er janvier de l’agglomération en métropole.
Une métropole, à quoi ça sert?
Elle permettra à la collectivité de disposer sur tout son territoire des compétences juridiques du département, de l’État et de la région. De bénéficier des aides de 60 euros contre 45 par habitant, soit 7 millions supplémentaires par an.
Considérez-vous la métropole comme votre victoire politique?
C’est d’abord une œuvre collective. J’ai dirigé une armée de maires qui a participé activement à ce combat.
René Revol (PG) qui s’est abstenu restera-t-il vice-président de la future métropole?
Il restera vice-président en charge de la régie public de l’eau. Avec les maires, on a une unité, quelle que soit leur étiquette politique: sur les 20 vice-présidents que comptera la métropole, cinq seulement seront des élus de Montpellier.
Est-ce une façon de préparer cette grande région dont vous êtes le plus fervent partisan en Languedoc?
Sans cela, nous n’aurions pas pu faire le poids avec Toulouse. Mais nous opposer à Toulouse est très réducteur. La vraie compétition est avec Sydney, Tokyo...
Seriez-vous intéressé pour diriger cette grande région?
Quand on fabrique un pôle métropolitain de 30 agglomérations, qui recouvre pratiquement tout le territoire régional, on ne peut pas dire que l’on n’est pas intéressé de la région. Pour l’instant je suis le maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole.
Comment travaillez-vous avec les autres intercommunalités dans ce pôle métropolitain?
Moi, je me fous des étiquettes politiques. Je construis le territoire avec les hommes issus du suffrage universel, des hommes légitimes, pas avec les délégués des officines parisiennes.
Avez-vous déjà réalisé des collaborations concrètes?
Par exemple la construction des gares TGV de Nîmes et Montpellier : un représentant de chaque agglomération siège dans le comité de pilotage de la gare de l’autre territoire, en plus d’un financement croisé d'un million d’euros. Nous sommes sur des logiques de projets, pas des logiques politiciennes.
La deuxième gare TGV est dénoncée par plusieurs associations et des partis de gauche. Pourquoi estimez-vous avoir les mains liés?
Parce que le précédent président de l’agglomération, Jean-Pierre Moure, a signé un contrat pour un partenariat public privé avec Bouygues et RFF. Si on se retirait de cette affaire, c’est tout le contournement Nîmes-Montpellier qui serait menacé. On serait responsable de la perte d’un chantier de deux milliards d’euros. J’ai fait ce que j’ai pu : j’ai réduit les délais de construction de la gare et évité d’urbaniser à mort le quartier OZE, réduit de 320 ha à 60 ha.
Cette gare aura-t-elle un intérêt? Pensez-vous que le tronçon de la LGV entre Montpellier et Perpignan sera un jour financé?
Oui j’y crois. L’association des villes à grande vitesse [dans laquelle figurent Nîmes, Montpellier, Béziers, Narbonne, Perpignan, Toulouse, Figueras, Gérone, Tarragone et Barcelone] se réunira l’an prochain à Montpellier. Il faut une ligne à grande vitesse dans le corridor sud de l’Europe, c’est impératif.