« Je ne joue plus depuis deux ans »
manitas de plata Le musicien vit reclus, sans ressources, dans un petit studio à la Grande-MotteNicolas Bonzom
«J'étais considéré comme le plus grand guitariste de la planète, s'exclame-t-il. Et aujourd'hui, voilà. » Manitas de Plata, l'homme « aux doigts de fée » vit seul à la Grande-Motte, dans un petit studio de 20 m2. Sur les murs, défile la vie de cet enfant surdoué : vinyles, affiches, photographies... A 92 ans, ruiné, incapable de se déplacer seul, le musicien gitan ne bouge quasiment plus de chez lui. Parfois, on l'appelle. « Brigitte Bardot lui a téléphoné il y a peu, confie son petit-fils Paco. Je ne sais pas ce qu'ils se sont dits, mais je l'ai vu pleurer. »
Une perte d'autonomie
La star gypsy des années 1960 à 1980, qui aurait vendu près de 93 millions de disques, admirée par Picasso et Dalì, n'arrive plus à payer ses factures. « Sa retraite n'est pas suffisante, souligne Nathalie, son ancienne compagne. Sa perte d'autonomie nécessite quelqu'un 24 h/24 à son chevet, et c'est très cher. Nous voulons juste qu'il ait une fin de vie décente. » Une campagne de dons a été lancée pour aider l'artiste à subvenir à ses besoins. « L'élan de solidarité nous touche beaucoup, reprend-t-elle. Ca montre à quel point le public est attaché à Manitas. »
Ses problèmes financiers, le musicien en parle très peu. On saura juste qu'il a « beaucoup dépensé, sans compter, pour les gens qu'il aimait. » Ses droits d'auteur ont été bloqués pour « régler des arriérés d'impôts ». « Je crois qu'il a du mal à accepter sa situation. Passer de la position d'artiste entouré par les grands de ce monde, à la solitude, c'est dur à vivre », note Paco. « Je ne peux même plus jouer de la guitare depuis bientôt deux ans, se plaint le musicien. C'est dur. C'est ce qui me manque le plus. » Reclus sur son fauteuil, devant la télévision, Manitas songe à ses années de gloire, parties en fumée.