Guerre en Ukraine : Kiev dévoile sa stratégie pour son incursion en Russie au 903e jour du conflit
récap'•« 20 Minutes » fait le point pour vous tous les soirs sur l’avancée du conflit en UkraineFrédéric Brenon avec AFP
L'essentiel
- La Russie a lancé son « opération militaire » en Ukraine le 24 février 2022. Tous les soirs, 20 Minutes vous propose son récap du conflit russo-ukrainien.
- Une déclaration marquante, un chiffre-clé, les tendances de fond… Voici les informations essentielles pour mieux comprendre une guerre d’une ampleur inédite sur le sol européen.
- Ce mercredi, 903e jour du conflit, la journée a été marquée par la volonté ukrainienne de créer une « zone tampon » et des « corridors humanitaires » dans la région russe de Koursk où elle mène une offensive importante.
Vous avez raté les derniers événements sur la guerre en Ukraine ? 20 Minutes fait le point pour vous tous les soirs. Entre les déclarations fortes, les avancées sur le front et le bilan des combats, voici l’essentiel de ce mercredi 14 août, 903e jour du conflit.
Le fait du jour
L’armée ukrainienne a affirmé ce mercredi poursuivre son avancée en Russie et entend y créer une « zone tampon ». Pour rappel, depuis le 6 août, les forces de Kiev se sont engouffrées dans la région frontalière de Koursk, prenant les troupes du Kremlin au dépourvu et réalisant la plus grande incursion d’une armée étrangère sur le sol russe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
« Nous avançons bien dans la région de Koursk, nous atteignons notre objectif stratégique », prétend le président Volodymyr Zelensky, tout en faisant état de « plus de 100 militaires russes capturés » ce mercredi.
De son côté, l’armée russe a déclaré avoir fait échouer des « tentatives » de percée en profondeur de groupes mobiles ukrainiens près de cinq localités de la région dont l’une, Levchinka, est située à 35km à vol d’oiseau de l’Ukraine. Appuyée par l’aviation, des drones et l’artillerie, elle a assuré avoir infligé de lourdes pertes aux Ukrainiens. Elle a aussi publié des images montrant cinq individus présentés comme des soldats ukrainiens faits prisonniers et d’autres montrant quatre cadavres de militaires ensanglantés.
Les forces ukrainiennes, elles, signalent avoir utilisé des drones longue portée pour viser quatre aérodromes du centre et de l’ouest de la Russie, tandis que dans la région russe de Belgorod, voisine de celle de Koursk, l’état d’urgence a été décrété mercredi en raison de bombardements ukrainiens.
Le ministre ukrainien de l’Intérieur, Igor Klymenko, a expliqué que l’Ukraine cherchait à créer « une zone tampon » dans la région de Koursk afin de protéger sa population frontalière des bombardements russes. En mai, Vladimir Poutine avait également justifié l’offensive du Kremlin contre la région ukrainienne de Kharkiv (nord-est) comme une mesure visant à établir une « zone tampon » pour faire cesser, finalement sans succès, les frappes ukrainiennes dans les régions frontalières russes.
La déclaration du jour
« « Nos forces militaires prévoient (…) d’ouvrir des corridors humanitaires pour l’évacuation des civils, tant en direction de la Russie que de l’Ukraine » »
Les paroles sont signées de la vice-Première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk, à propos des combats menés actuellement dans la région de Koursk en Russie. L’offensive ukrainienne a déjà provoqué le départ de plus de 120.000 habitants, selon les autorités russes. Au moins 12 civils ont été tués et plus de cent blessés, indiquaient lundi les autorités régionales de Koursk, sans fournir de nouveau bilan depuis.
Selon le ministre ukrainien de l’Intérieur, « plus de 20.000 personnes » ont déjà été évacuées dans la région ukrainienne de Soumy, frontalière de celle de Koursk.
Le chiffre du jour
Au moins 10.000. C’est le nombre de procédures judiciaires qui ont été ouvertes en Russie pour « discrédit » de l’armée depuis mars 2022, a rapporté mercredi le média indépendant Mediazona à partir de données des tribunaux, montrant la répression tous azimuts des voix antiguerre.
La Russie a étendu son arsenal répressif depuis le début de son invasion de l’Ukraine le 24 février 2022, punissant la diffusion de ce qu’elle juge être de « fausses informations » sur l’armée ou le « discrédit » de ses forces armées.
Fin 2022, la police russe avait ouvert 5.614 procédures contre des individus accusés d’avoir « discrédité » l’armée et 8.590 au total fin 2023, d’après Mediazona, qui a récolté ces données auprès des tribunaux russes. Le seuil des 10.000 procédures a été dépassé « au cours de la première semaine d’août », a indiqué le média.
Ces procédures sont ouvertes pour violation présumée de l’article du code administratif russe prohibant le « discrédit » des forces armées et sont passibles d’amendes allant de 300 et 500 euros. Mais un individu peut être poursuivi au pénal « en cas de violation répétée » de cet article au cours de l’année qui suit une première sanction, et risque alors jusqu’à sept ans de prison.
La tendance
L’enquête sur le sabotage du gazoduc russe Nord Stream en 2022 en mer Baltique s’oriente vers une piste ukrainienne avec la révélation d’un mandat d’arrêt de la justice allemande contre un plongeur ukrainien soupçonné, selon plusieurs médias, d’être impliqué avec deux autres de ses compatriotes.
Ce nouvel élément dans cette mystérieuse affaire qui dure depuis près de deux ans a été dévoilé mercredi par des médias allemands, la chaîne de télévision publique ARD et les prestigieux journaux Die Zeit et Süddeutsche Zeitung.
Le parquet polonais a confirmé avoir reçu en juin un mandat d’arrêt européen lancé par le parquet fédéral allemand contre un Ukrainien établi à l’époque en Pologne, présenté comme Volodymyr Z. En vertu des règles de l’entraide judiciaire européenne, les autorités polonaises avaient 60 jours pour réagir à la demande allemande et interpeller ce suspect.
Or, ce dernier a entre-temps quitté la Pologne début juillet pour rentrer en Ukraine, a indiqué le parquet polonais, rejetant la responsabilité sur les autorités allemandes. Selon lui, elles n’ont pas inscrit le suspect dans le registre des personnes recherchées, ce qui a permis à l’intéressé de partir.
A Berlin, le porte-parole adjoint du gouvernement, Wolfgang Büchner, a laissé entendre devant la presse que la justice allemande était déterminée à poursuivre les investigations sur le sabotage, quels qu’en soient les auteurs.