Otan : Le Parlement hongrois s’apprête à approuver l’entrée de la Suède dans l’Alliance
Ultime barrière•Alors que le vote de ce lundi s’annonce sans surprise, Viktor Orban a longtemps traîné des pieds pour entériner l’adhésion de la Suède20 Minutes avec AFP
Stockholm a de grandes chances d’avoir ce lundi les deux pieds dans l’Otan. Le Parlement hongrois s’apprête en effet à approuver l’adhésion de la Suède, ultime étape pour le pays nordique désireux de rejoindre l’Alliance atlantique depuis l’invasion russe de l’Ukraine.
L’attente aura été longue et la route chaotique : aux tractations avec la Turquie, conclues par un vote positif en janvier, se sont ajoutés les atermoiements du dirigeant nationaliste hongrois Viktor Orban. Il avait certes donné de longue date son accord de principe mais avant de boucler le processus, il exigeait du « respect » de Stockholm, jugé trop critique envers sa politique.
Visite du Premier ministre suédois à Budapest
La situation s’est finalement débloquée ces dernières semaines, la visite vendredi du Premier ministre suédois Ulf Kristersson signant l’épilogue d’un « long processus pour rebâtir la confiance », selon les termes de Viktor Orban. Pour sceller cette coopération, les deux pays ont annoncé l’achat par Budapest de quatre avions de combat à la Suède venant renforcer sa flotte actuelle de 14 appareils Gripen.
Le vote du Parlement, prévu peu après 16h20, s’annonce sans surprise étant donné la majorité des deux tiers détenue par la coalition au pouvoir. L’opposition va également voter pour, à l’exception de la formation d’extrême droite Notre patrie.
Une attente de presque deux ans
Le protocole d’adhésion de la Suède à l’Otan, qui requiert l’unanimité des 31 membres de l’Alliance atlantique, est en suspens depuis mai 2022. Stockholm avait annoncé sa candidature dans la foulée de l’offensive du Kremlin en Ukraine, en même temps que la Finlande, qui a elle fait son entrée en avril 2023. Les deux pays voisins ont ainsi rompu avec des décennies de neutralité ayant suivi la Seconde Guerre mondiale, puis de non-alignement militaire depuis la fin de la guerre froide.
Au fil des mois, la Hongrie n’a cessé de retarder l’échéance, invoquant à chaque fois des prétextes différents. Certains experts y ont vu une stratégie de chantage pour obtenir des concessions de l’UE et le déblocage de milliards d’euros de fonds actuellement gelés, d’autres le signe de la proximité de Viktor Orban avec le président russe Vladimir Poutine et le chef d’Etat turc Recep Tayyip Erdogan.
NOTRE DOSSIER SUR LA GUERRE EN UKRAINEMais pour l’analyste Mate Szalai, le Premier ministre hongrois privilégie avant tout les intérêts nationaux. « Il est allé aussi loin que possible », s’arrêtant juste à temps « pour ne pas causer de graves problèmes à la communauté transatlantique », estime-t-il. Tout comme il a bloqué pendant des mois une aide cruciale à l’Ukraine avant de céder début février sous la pression de ses partenaires de l’UE. Selon le chercheur de l’université Ca' Foscari de Venise, en adoptant une telle stratégie, il veut prouver que son petit pays de moins de 10 millions d’habitants compte et « ne doit pas être sous-estimé ».