« 20 Minutes » avec« L’Ukraine a déjà gagné la guerre », estime un ancien maire du pays

Guerre en Ukraine : « La victoire est à portée de main », veut croire l'ancien maire de Hlukhiv

« 20 Minutes » avecAprès un an de guerre, l’ancien maire franco-ukrainien de la ville de Hlukhiv et habitant de Kiev, Michel Terestchenko se confie à « 20 Minutes »
Cécile De Sèze

Propos recueillis par Cécile De Sèze

L'essentiel

  • Un an après le début de la guerre en Ukraine, 20 Minutes est plus que jamais mobilisé pour vous informer sur le conflit. Du 22 au 28 février, la rédaction vous propose des reportages, analyses, témoignages, vidéos, podcasts pour rendre compte du quotidien des civils, de la situation militaire sur le terrain, du jeu diplomatique.
  • Tous les vendredis, 20 Minutes propose à une personnalité de commenter un phénomène de société dans son rendez-vous « 20 Minutes avec ». Ce 24 février, un an après le début de la guerre en Ukraine, c’est Michel Terestchenko, ancien maire de Hlukhiv, dans la région de Soumy, qui dévoile sa vision de l’Ukraine, des suites du conflit et explique comment le pays sortira grandi de cette guerre.
  • Aujourd’hui habitant à Kiev, Michel Terestchenko s’était déjà confié à 20 Minutes cet été et avait assuré : « tant que Vladimir Poutine sera vivant, il y aura la guerre ».

Un an jour pour jour après les premiers bombardements russes sur l’Ukraine, les combats se poursuivent, notamment dans le Donbass. Les Russes imaginaient une offensive rapide, de quelques jours seulement ; ils se sont retrouvés face à une armée ukrainienne déterminée, organisée et soutenue par les puissances occidentales. Cet automne a été marqué par des victoires retentissantes de Kiev, poussant la Russie à mobiliser des civils pour partir au front. L’Ukraine pourrait-elle finalement ressortir plus forte de cette guerre ? C’est en tout cas ce que veut croire l’ancien maire franco-ukrainien de la ville de Hlukhiv, Michel Terestchenko. Entretien.


Comment la situation a-t-elle évolué à Kiev depuis le début de l’invasion russe ?

Le plus marquant, c’est le nombre de personnes disparues, de soldats tués sur les différentes lignes de front. On voit de plus en plus de drapeaux ukrainiens dans les cimetières, il y a d’énormes pertes dans chaque village. Dans la capitale, en revanche, la vie est presque redevenue normale, de nombreuses personnes sont rentrées. Les écoles, magasins, cinémas, théâtres, tout fonctionne. Le travail reprend. Les gens ont confiance en l’avenir, on a le sentiment que la victoire est à portée de main.

A quoi ressemble le quotidien dans la capitale ?

Il y a toujours régulièrement des alertes aux raids aériens. La dernière, par exemple, a retenti il y a juste cinq minutes. Les enfants sont alors emmenés dans les abris, c’est stressant pour eux, mais ils se sont habitués. Désormais, ils y regardent des dessins animés. Il n’y a plus vraiment d’angoisse car il n’y a quasiment plus de missiles. Finalement, la crainte se dissipe, on s’habitue, on s’organise. Quant à l’électricité, elle est complètement revenue.

« L’Ukraine est devenue une nation forte » »

Que reste-t-il de l’Ukraine d’avant le 24 février ?

Elle a beaucoup évolué depuis le début du conflit. En mieux. L’Ukraine commence à régler ses problèmes de corruption et de népotisme. Elle se nettoie, elle s’affirme, elle grandit. Les gens qui se posaient des questions sur les liens qu’il fallait entretenir avec la Russie, c’est fini ! Plus personne ne veut être ami avec la Russie, la nostalgie de certains, notamment des personnes âgées, vis-à-vis de l’Union soviétique, a disparu. Aujourd’hui, l’Ukraine est plus entreprenante et créatrice. Elle est devenue une nation forte, pleine d’espérance et qui va pouvoir exister comme une grande nation européenne. Car désormais, elle est vraiment européenne.

Quel est le moral des habitants après douze mois de combats ?

Le moral est globalement très bon. On sent énormément de résolution chez les habitants, il n’y a pas de discours défaitiste. La majorité des Ukrainiens soutiennent leur armée.


L'ancien maire de Hloukhiv, Michel Terestchenko, en visite dans une église, en 2015. Archive
L'ancien maire de Hloukhiv, Michel Terestchenko, en visite dans une église, en 2015. Archive - GENYA SAVILOV / AFP

Comment envisagez-vous la suite du conflit ?

Cette année a été marquée une série de claques dans le visage de Vladimir Poutine : un bateau coulé, le pont de Crimée détruit, Joe Biden à Kiev… Ce sont des coups auxquels il ne peut pas répondre. La Russie n’est plus qu’un ours de papier. Je suis convaincu qu’on ne peut pas perdre. Vladimir Poutine a perdu son armée, la guerre et tout espoir de rester au pouvoir longtemps. D’une manière ou d’une autre, il sortira les pieds devant et son successeur n’aura pas d’autre choix que de capituler. Tout cela sera fini avant la fin de l’été car l’armée russe ne peut pas saigner plus longtemps.

« L’Ukraine a déjà gagné la guerre » »

Craignez-vous l’utilisation d’une arme nucléaire par la Russie ?

Moscou ne peut rien faire. Vladimir Poutine est le roi du chantage et de la menace, un mafieux espion qui a pris le pouvoir et cherche à le garder par tous les moyens, mais son arsenal nucléaire est tenu par une armée Potemkine. Il a fait tout ce qu’il a pu dans cette guerre, et ça n’a rien donné. Il va simplement hurler mais rien d’autre. On attend sa reddition car l’Ukraine a déjà gagné la guerre, il reste juste à savoir à quel moment on signe l’acte de capitulation.


notre dossier sur la guerre en ukraine

Que pensez-vous du soutien occidental qui a été réaffirmé ces dernières semaines, notamment à travers les promesses de livraisons de chars lourds à Kiev ?

Emmanuel Macron a enfin compris que l’Ukraine allait gagner la guerre. Il avait des doutes et pensait que la Russie était invincible. Aujourd’hui, il a compris qu’il fallait débarrasser le monde de ce régime pourri qui cherche à écraser toute évolution normale du monde démocratique, civilisé. Finalement, l’Occident a compris qu’il fallait mieux livrer des armes à l’Ukraine que de les garder dans leurs frontières. Ainsi, ils permettent à l’Ukraine de résoudre le problème pour tout le monde.