Guerre en Ukraine : Quels dégâts sur le pont de Crimée après l’explosion de samedi ?
conflit•Le pont reliant la Russie à ce territoire annexé en 2014 a été endommagé en début de week-endJ.B.
Elle a provoqué la colère de Moscou, et les représailles sanglantes perpétrées depuis lundi via des bombardements sur plusieurs villes ukrainiennes. Les questions restent nombreuses après l’explosion survenue samedi sur le pont Kertch, qui relie la Russie à la Crimée, due, selon les autorités russes, à un camion piégé.
Le pont de Crimée, long de 18 km et inauguré en 2018 par Vladimir Poutine, comprend un pont ferroviaire jouxtant un pont routier. Il sert également au transport logistique pour les troupes russes combattant en Ukraine. Le trafic a repris quelques heures après sur les deux axes, mais les effets à plus long terme restent inconnus. Des effets qu’analysent deux ingénieurs, Colin Caprani et Sam Rigby, dans un article de The Conversation.
La chaleur et ses effets
L’explosion a eu lieu sur le pont routier, détaille l’article. Les flammes ont ensuite gagné le pont ferroviaire, et notamment un train de carburant présent dessus. La déflagration s’est produite sur une portion longue d’une soixantaine de mètres, composée d’une dalle de béton, posée sur une plaque d’acier, elle-même supportée par des poutres en acier. La travée concernée s’est fendue en son milieu, et une travée adjacente s’est effondrée peu après. On l’a dit, le trafic routier a repris peu après, mais avec quels effets à plus long terme ?
Le brasier, notamment provoqué par l’incendie du train de carburant sur le pont ferroviaire, a brûlé durant au moins une heure, poursuit The Conversation. Or, rappellent les experts interrogés, « des températures élevées peuvent affaiblir l’acier et le béton, tandis que les ondes de choc (…) peuvent entraîner des fractures ».
En temps normal, une coupure du pont
Certes, l’acier peut se plier sans se casser, mais il est fort probable, selon les deux ingénieurs, que différents points des deux ponts adjacents soient fragilisés. Les armatures présentes à l’intérieur des dalles de béton, notamment, pourraient avoir été endommagées par la chaleur.
Ces potentiels dégâts nécessiteraient des inspections minutieuses et un remplacement des portions touchées, selon les spécialistes. Un travail qui signifierait une longue période de fermeture du pont. Impensable vu le contexte de guerre actuel et l’aspect stratégique de ce pont pour Moscou, pensent les deux experts. Ils estiment alors que la consigne peut être donnée aux trains de passer lentement sur la partie affaiblie, pour limiter les vibrations. La reprise du trafic routier, elle, leur paraît « raisonnable », puisque le poids des voitures n’est pas tant un problème que le poids du pont lui-même.