Russie : Trois responsables d’une centrale arrêtés après la fuite massive de carburant dans l’Arctique
ENQUETE•Ils sont soupçonnés d’avoir ignoré pendant plusieurs années les alertes sur l’état des citernes de la centrale, ce qui a conduit à une pollution massive la semaine dernière20 Minutes avec AFP
Trois hommes ont été arrêtés après la pollution massive de diesel qui s’est déversée dans un fleuve de l’Arctique en Russie, contaminant notamment un lac d’eau douce. Il s’agit de trois dirigeants de la centrale thermique d’où provient la fuite de carburant, a indiqué ce mercredi le comité d’enquête russe. Ils encourent jusqu’à cinq ans de prison.
Le chef de l’entreprise – filiale du grand groupe minier russe Norilsk Nickel – Pavel Smirnov, l’ingénieur principal Alexeï Stepanov et son adjoint Iouri Kouznetsov ont été arrêtés, a précisé dans un communiqué le comité d’enquête. Ils sont accusés d’avoir continué à utiliser la citerne de carburant en question sans effectuer les réparations dont la nécessité avait été établie en 2018.
Le réservoir a continué à être utilisé
« Malgré l’état d’urgence, le réservoir (…) a continué à être utilisé en violation des règles de sécurité. En conséquence, un accident s’est produit », indique le comité d’enquête, qui doit décider désormais si les trois hommes seront maintenus en détention provisoire pour une durée prolongée. Dans un communiqué transmis à l’agence russe Ria Novosti, Norilsk Nickel a condamné des mesures « déraisonnablement sévères ».
« Les dirigeants des centrales [électro-thermiques] coopèrent avec les forces de l’ordre et ils seraient beaucoup plus utiles sur les lieux » de l’accident, a déclaré dans ce communiqué Nikolaï Outkine, vice-président de Norilsk Nickel.
21.000 tonnes de carburant dans la nature
Le 29 mai, 21.000 tonnes de carburant contenues dans le réservoir d’une centrale thermique se sont déversées dans la rivière Ambarnaïa et les terrains alentour. La pollution a depuis atteint le lac Piassino, un réservoir d’eau douce de 70 km de long.
Le Conseil d’administration du groupe devait se réunir mercredi pour aborder l’accident, a confirmé à l’AFP son service de presse. Mardi soir, lors d’une conférence téléphonique avec les investisseurs, des responsables du groupe ont soutenu que l’accident était dû au dégel du pergélisol – ou permafrost – conséquence du réchauffement climatique, qui aurait provoqué l’effondrement des piliers soutenant la citerne.
La citerne en question, construite en 1985, avait été réparée en « 2017-2018 » et inspectée en 2018, a indiqué le groupe, affirmant que « toutes les recommandations » faites suite à cette inspection avaient été « suivies et contrôlées ». Les responsables de Norilsk Nickel ont reconnu mardi que l’état du permafrost n’était pas surveillé jusqu’à présent, et qu’un audit complet de ses infrastructures allait être mené. L’accident est considéré par les organisations écologiques et les autorités comme le pire accident dû aux hydrocarbures dans l’Arctique russe.