VIDEO. Ex-espion russe empoisonné: Jusqu’où peut conduire la crise entre Londres et Moscou?
DIPLOMATIE•La Première ministre britannique a annoncé, ce mercredi, des sanctions contre la Russie qu’elle estime responsable de l’empoisonnement d’un ancien espion russe…V.V.
L'essentiel
- Un ancien espion russe a été empoisonné en Angleterre, le 4 mars.
- Theresa May a clairement pointé du doigt la responsabilité de Moscou.
- Elle a annoncé des sanctions à l’égard de la Russie ce mercredi.
- 23 diplomates russes vont être expulsés de Grande-Bretagne.
Un échelon de plus dans l’escalade diplomatique. Theresa May, la Première ministre britannique, a annoncé, ce mercredi, des sanctions à l’égard de la Russie. Lundi, elle avait clairement pointé du doigt la responsabilité de Moscou dans l’empoisonnement, le 4 mars en Angleterre, de Sergueï Skripal, un ancien agent double, toujours dans un état critique aujourd’hui.
Moscou a déjà répliqué en disant qu’il n’accepterait aucune sanction tant que des preuves démontrant sa responsabilité ne seront pas dévoilées. 20 Minutes fait le point pour comprendre jusqu’où peut mener ce conflit.
Assiste-t-on à une crise inédite entre les deux pays ?
Pas vraiment. Les relations entre la Grande-Bretagne et la Russie sont dégradées depuis le milieu des années 2000. La mort à Londres en 2006 de l’ancien espion russe Alexandre Litvinenko, empoisonné au polonium 210, semble avoir été le point de départ d’un refroidissement diplomatique durable entre les deux pays.
Sans parler du contexte lié à l’Otan, toujours vivement critiquée par Moscou. « La Grande-Bretagne apparaît toujours comme le fidèle allié des États-Unis dans le cadre de l’Otan et donc l’ennemi de la Russie, rappelle Isabelle Facon, chercheure à la Fondation pour la recherche stratégique et spécialiste de la Russie. Les deux pays avaient donc bien du mal à renouer des bonnes relations diplomatiques malgré d’excellents accords commerciaux… »
La position de Theresa May s’explique-t-elle par le Brexit ?
Les médias russes tournent en boucle sur ce sujet depuis quelques jours. Selon eux, la fermeté de Theresay May à l’égard de Moscou ne viserait qu’à faire oublier son échec sur le Brexit. « Le Brexit a mis Theresa May en position délicate mais elle ne s’en sortira pas uniquement en se montrant ferme face à Moscou. Le Brexit n’a pas grand-chose à voir avec tout ça… » explique la spécialiste.
De fait, l’Allemagne et la France n’ont pas hésité à se ranger derrière la Grande-Bretagne depuis lundi, faisant fi des problèmes qu’elle engendre en ayant voté le Brexit.
La crise peut-elle avoir une incidence sur la présidentielle russe ?
Les Russes doivent élire leur nouveau président dimanche. Et on voit mal comment il pourrait ne pas ressembler au précédent. Vladimir Poutine est l’immense favori du scrutin et la crise avec Londres risque même de le renforcer encore un peu plus.
« Les jeux sont déjà faits, estime Isabelle Facon. Cela fait déjà plusieurs années que Poutine montre sa fermeté à l’égard de l’Occident. Au moins depuis la crise ukrainienne de 2014. Ce nouveau conflit diplomatique ne risque que de ranger derrière lui la petite partie de la population qui n’était pas encore convaincue… »
Quelles sanctions ont pris les Britanniques ?
La Première ministre britannique Theresa May a finalement annoncé ce mercredi l’expulsion de 23 diplomates russes du Royaume-Uni, après avoir jugé la Russie « coupable » de l’empoisonnement de l’ex-espion.
La cheffe du gouvernement a également annoncé la « suspension des contacts bilatéraux » avec Moscou. La Russie disposait jusqu’ici de 59 diplomates accrédités au Royaume-Uni. Theresa May a également indiqué qu’il n’y aurait aucun représentant diplomatique ou royal à la Coupe du monde en Russie.
La crise diplomatique peut-elle dégénérer sur le plan militaire ?
En indiquant, lundi, que la Grande-Bretagne disposait de troupes stationnées en Estonie, Theresa May n’a pas hésité, non plus, à basculer la pression diplomatique sur le terrain militaire. Mais il est peu probable que cette crise dégénère.
« Les troupes basées en Estonie sont placées sous le commandement de l’Otan, rappelle Isabelle Facon. Il faudrait donc d’abord un vote de l’Otan pour une intervention. Et nous n’en sommes pas là. » Dans l’escalade diplomatique, les deux pays sont bien conscients des risques de dérapages. « Londres et Moscou prennent en compte ces risques. Ils connaissent bien la limite à ne pas franchir. »