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C’est quoi ces paris frauduleux sur les législatives britanniques ?

Législatives au Royaume-Uni : C’est quoi cette affaire de paris frauduleux qui « pompe l’oxygène de la campagne » ?

récapPlusieurs candidats conservateurs aux législatives du 4 juillet sont soupçonnés d’avoir illégalement parié sur la date du scrutin avant que celle-ci ne soit annoncée. Et ce, alors que la campagne était déjà en pleine déroute
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

En France, la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron a surpris et n’aurait pu être anticipée, même par le meilleur des bookmakers. Et si depuis, la France, c’est « Britney Spears qui se rase la tête en 2007 », comme l’a souligné l’humoriste Morgane Cadignan sur France Inter, outre-Atlantique ce n’est guère mieux. Au Royaume-Uni, c’est un « BetGate » qui entache les législatives prévues le 4 juillet. 20 Minutes fait le point sur cette affaire de paris frauduleux alors que les sondages prédisent aux Tories une défaite jamais vue en près de deux cents ans d’existence.

Pourquoi les législatives sont-elles secouées au Royaume-Uni ?

Alors que tout le monde l’attendait à l’automne, le Premier ministre a annoncé le 22 mai, à la surprise générale, que le scrutin aurait lieu le 4 juillet. Et, à deux semaines des élections, les sondages prédisent aux Tories une défaite jamais vue en près de deux cents ans d’existence face aux travaillistes, d’autant que Rishi Sunak, le chef du gouvernement, est désormais attaqué sur l’intégrité de ses troupes.

La commission chargée de la régulation des paris se demande, en effet, si certaines personnes n’ont pas tiré profit de leur proximité avec lui pour parier sur la date à laquelle il convoquerait l’élection. Et si les paris politiques en tout genre sont autorisés au Royaume-Uni, ceux qui parient tout en détenant des informations privilégiées commettent un délit.

Qui sont les mis en cause ?

Plusieurs candidats et responsables conservateurs, ainsi qu’un agent de protection rapprochée, sont dans le viseur de la police et de l’autorité de régulation des paris. Mercredi soir, la police de Londres a ainsi indiqué avoir été saisie par cet organisme du cas d’un agent de l’unité chargée de la protection des personnalités. Il a été arrêté puis remis en liberté conditionnelle, tandis que la police des polices a été saisie.

La semaine dernière, c’est Craig Williams, un député conservateur et conseiller de Rishi Sunak, qui a été mis en cause pour avoir placé un pari de 100 livres (118 euros) sur des élections en juillet trois jours avant leur annonce. Craig Williams, actuellement candidat dans une circonscription du Pays de Galles, a admis une « erreur de jugement » sans confirmer qu’il disposait d’informations confidentielles.

Et mercredi soir, la BBC a révélé qu’une autre candidate conservatrice était dans le viseur du régulateur des paris : Laura Saunders, mariée au directeur de campagne du parti au pouvoir Tony Lee. Laura Saunders « coopérera avec la commission » chargée de la régulation des paris, a fait savoir dans un communiqué succinct son avocat. Tony Lee, qui serait également soupçonné, s’est mis en congé en pleine dernière ligne droite avant le vote.

Quelles sont les réactions ?

« J’ai été terriblement en colère […] en prenant connaissance de ces allégations », a déclaré Rishi Sunak vendredi. « S’il s’avère que quelqu’un a violé les règles, il doit non seulement rendre des comptes à la justice mais aussi être expulsé du parti conservateur », a-t-il assuré.

Le député Iain Duncan Smith, figure du parti conservateur, a lui jugé que de tels comportements étaient « inacceptables ». « Ce n’est pas génial, et évidemment les conclusions que beaucoup en tirent ne sont pas géniales », a concédé le conservateur Michael Gove. Le ministre britannique du Logement a également comparé samedi le scandale des paris frauduleux au sein du Parti conservateur au « Partygate » qui s’était soldé par la démission du Premier ministre Boris Johnson en 2022. « On dirait qu’il existe une règle pour eux et une règle pour nous…. C’est la chose qui peut potentiellement causer le plus de dommages », a déclaré dans une interview au Times Michael Gove, qui a été député pendant quatorze ans. « Cela a été dommageable à l’époque du Partygate et cela l’est à nouveau aujourd’hui », a-t-il ajouté.

Enfin, Gove a accusé les personnes impliquées dans le scandale à quelques jours des élections de « pomper l’oxygène de la campagne » : « c’est à la fois mauvais en soi, mais aussi destructeur pour les efforts de toutes les personnes qui bataillent dur actuellement pour le vote conservateur. »

Et pourquoi la campagne était-elle déjà plombée ?

Rishi Sunak n’est pas parvenu à faire décoller sa campagne en l’espace de ces quatre semaines. Celle-ci a été plombée par une série de gaffes, et surtout par la défiance des Britanniques face aux crises politiques à répétition, aux difficultés du système de santé, puis à la baisse du pouvoir d’achat depuis 2022.

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Son parti, qui est au pouvoir depuis quatorze ans mais s’est droitisé ces dernières années, a été encore un peu plus affaibli par la progression de la campagne du parti anti-immigration Reform UK, dopé par la notoriété de son dirigeant Nigel Farage. Les sondages, bien que très variés, s’accordent pour donner au Labour (centre-gauche) une très large majorité des 650 sièges de la Chambre des communes, ce qui devrait permettre à son chef Keir Starmer d’entrer avec facilité au 10 Downing Street.

Et la suite ?

Travaillistes et libéraux-démocrates (centristes) ont réclamé une enquête pour déterminer l’ampleur des paris frauduleux et la suspension des candidats soupçonnés. « S’il s’agissait de mes candidats, je m’en serais déjà débarrassé », a tranché Keir Starmer, 61 ans, ancien avocat et directeur du parquet général.