MONARCHIEQuel bilan de la première année de règne de Charles III ?

Charles III : Quel bilan de sa première année de règne ?

MONARCHIEAlors que Charles III et Camilla entament ce mercredi une visite officielle d’Etat en France, « 20 Minutes » fait le bilan de leur première année en tant que souverains
Mathilde Cousin

Mathilde Cousin

L'essentiel

  • Le 8 septembre, Charles III a fêté sa première année sur le trône d’Angleterre.
  • Une année qu’il a inscrite dans la continuité de sa mère Elizabeth II. Même la sortie des mémoires du prince Harry n’a pas ébranlé Charles.
  • Ce mercredi, Charles et Camilla débutent une visite d’Etat de trois jours en France.

60 % des Britanniques ont une opinion favorable du roi Charles*, un an après son accession au trône. Une confortable majorité, qui couronne une année sans véritable revers pour l’ancien prince de Galles. Et sans véritable changement, le roi semblant suivre le confortable sillon ouvert par sa mère - presque une surprise pour les observateurs royaux. « On a beaucoup dit que Charles serait un roi un peu disruptif, rappelle auprès de 20 Minutes Philip Kyle, auteur d’une biographie en français de Charles**. Jusqu’à ce qu’il devienne roi, il n’avait pas sa langue dans sa poche et avait parfois franchi la ligne rouge en matière de réserve. »

Un des défis pour Charles a été en effet de changer son image : pendant ses six décennies en tant que prince de Galles, l’homme a été longtemps perçu comme distant et déconnecté de la réalité du quotidien des Britanniques. Un effet qu’il a voulu gommer dans son premier message adressé à la nation à Noël, un temps fort de la vie britannique. Le roi a ainsi eu une pensée pour « ceux qui cherchent des moyens de payer leurs factures et nourrir leur famille ». Lors de ses déplacements, il va au contact de la foule et serre de nombreuses mains. Un changement important, pour celui qui a toujours été dans l’ombre de ses proches en public : celle de sa mère, celle de sa première épouse, Diana, vers qui tous les regards se tournaient lors de leurs sorties officielles en commun, puis celle de ses fils et de leurs épouses.

En public, le roi Charles renvoie une image plus chaleureuse que sa mère, qui était plus réservée, note Philip Kyle.
En public, le roi Charles renvoie une image plus chaleureuse que sa mère, qui était plus réservée, note Philip Kyle. - Jane Barlow/WPA Pool/Shutterstoc/SIPA

Un des plus grands triomphes de Charles cette année est celui du couronnement de Camilla, souligne Philip Kyle : « Je suis assez vieux pour me souvenir des années 1990 où elle était l’ennemi public numéro un. A l’époque, la reine ne voulait pas lui parler. Aujourd’hui, Camilla est couronnée à Westminster Abbey sans que personne n’y trouve rien à redire. » Une acceptation publique qui a pris plusieurs années. Lors de l’annonce du mariage de Charles et Camilla, en 2005, les conseillers en communication de la famille royale redoublent de prudence : jamais Camilla ne portera le titre de princesse de Galles, jamais elle ne sera reine, seulement reine consort, expliquaient-ils à l’époque. En mai, Camilla a pourtant bien été couronnée reine.

Des jeunes moins séduits par Charles III

Même les attaques d’Harry, qui l’accuse d’une trop grande proximité avec la presse dans son autobiographie parue en janvier, ne semblent pas atteindre la nouvelle reine. Charles y est quant à lui plutôt épargné. Le couple royal a-t-il lu le livre ? Très probablement. Ils n’y ont en tout cas jamais répondu en public. « Ce silence digne a été apprécié des Britanniques, analyse Philip Kyle. Il y avait beaucoup d’anticipation pour ce livre [qui est devenu numéro un des ventes au Royaume-Uni], mais il n’a pas altéré la popularité de la famille royale. Alors que dans les années 1990, le livre de Diana a créé une crise et affecté la popularité de la famille [Charles y a répondu en 1994 dans un autre livre]. »

Cette popularité, toutefois, décline chez les plus jeunes Britanniques. Ils sont majoritaires à se déclarer opposés ou indifférents à la famille royale. « Les jeunes générations ont une opinion plus favorable d’Harry et Meghan, et ça, c’est un défi pour la famille royale, relève Philip Kyle. Charles est quelqu’un qui est très intéressé par la jeunesse, qui a fondé le Prince’s Trust en 1976, une fondation qui a aidé de très nombreux jeunes à s’insérer ou se réinsérer dans la société. »

Le chèque XXL du Trésor public à la famille royale

Autre défi pour Charles, le mouvement républicain, qui a été particulièrement visible au moment du couronnement, ses supporteurs organisant des manifestations sur la voie publique. Que ce soit pour les soutenir ou les accabler, la presse britannique a consacré une importante couverture à ces opposants des Windsor.

Des républicains manifestent contre la monarchie, à Londres, le jour du couronnement de Charles.
Des républicains manifestent contre la monarchie, à Londres, le jour du couronnement de Charles. - Guy Bell/Shutterstock/SIPA

Pour rallier de nombreux Britanniques à leur cause, les républicains dénoncent le financement public de la famille royale. Un argument qu’ils pourront continuer à mettre en avant, puisque la presse britannique a révélé cet été que Charles III et sa famille devraient recevoir une augmentation de leur financement public de 45 % à l’horizon 2026, une somme qui servira notamment à financer les travaux engagés à Buckingham Palace. L’argent public versé à la famille royale est calculé à partir des profits d’un domaine royal appartenant à la couronne. Si les affaires du domaine continuent à se porter exceptionnellement bien, le Trésor public devra ainsi verser 126 millions de livres aux occupants de Clarence House en 2026, contre 86 millions cette année. Une augmentation à deux chiffres, que la plupart des Britanniques ne connaissent eux que sur leur ticket de caisse.

* Selon un sondage YouGov réalisé entre le 26 et le 28 août auprès de 2020 adultes en Grande-Bretagne.

** Charles III, paru le 27 octobre 2022 aux éditions Perrin. Philip Kyle a travaillé pendant près de trois ans pour le service de presse de la fondation du prince Charles, The Prince’s Trust.