Coup d’Etat au Niger : Les putschistes dénoncent « l’ingérence » française, un « sit-in » organisé
pression•Des milliers de personnes se sont massées devant la base de l’armée de l’air nigérienne, qui abrite les forces françaises à Niamey pour réclamer le départ des militaires20 Minutes avec AFP
Entre Paris et Niamey, le bras de fer se poursuit. Vendredi, le porte-parole du régime, le colonel-major Amadou Abdramane a dénoncé des propos tenus lundi par Emmanuel Macron, estimant qu’ils constituaient une « ingérence supplémentaire flagrante dans les affaires intérieures du Niger ».
Dans un communiqué lu à la télévision nationale, il a affirmé que les « incessants efforts » du président français « en faveur d’une invasion du Niger visent à perpétuer une entreprise néocolonialiste sur le peuple nigérien ». Emmanuel Macron avait rappelé son soutien à la Cedeao et à son action militaire « quand elle le décidera ».
La France a affirmé plusieurs fois son soutien à la Cedeao qui brandit depuis plusieurs semaines la menace d’une éventuelle intervention militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger et libérer le président Mohamed Bazoum, retenu prisonnier au palais présidentiel depuis le putsch du 26 juillet.
« La France doit partir et elle partira, car elle n’est pas chez elle au Niger »
Ces déclarations constituent le dernier épisode de plusieurs semaines de tensions entre Niamey et Paris. L’immunité et le visa diplomatiques de l’ambassadeur de France au Niger lui ont été retirés et les autorités ont notifié mardi à Paris leur intention de l’expulser. Vendredi dernier, ils avaient dans un premier temps laissé 48 heures à Sylvain Itté pour quitter le territoire, un ultimatum rejeté par Paris.
Or, un autre ultimatum pourrait arriver à expiration dans le week-end : le 3 août, les nouveaux dirigeants nigériens avaient dénoncé plusieurs accords militaires avec la France, qui compte 1.500 soldats déployés dans la lutte antidjihadiste au Niger. Les accords contenaient tous différents préavis pour leur fin effective, dont l’un, relatif à un accord de 2012, était d’un mois, selon les militaires.
Le Nigeria et l’Algérie ouvrent la porte à une transition
Des milliers de personnes se sont massées ce vendredi devant la base de l’armée de l’air nigérienne qui abrite les forces françaises dans la capitale. Ce « sit-in » organisé à l’appel du Mouvement M62, une coalition d’organisations de la société civile hostile à la présence militaire française au Niger, a été précédé par de nombreux rassemblements aux revendications similaires depuis le coup d’Etat, et doit durer jusqu’à dimanche. « La France doit partir et elle partira, car elle n’est pas chez elle au Niger », a déclaré à la foule Falma Taya, une responsable du Mouvement M62.
Mais au-delà de la brouille entre Paris et Niamey, d’autres chancelleries s’activent pour tenter de trouver une sortie de crise diplomatique au Niger. Si la Cedeao reste ferme sur sa position - un rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel et la réinstallation du président renversé Mohamed Bazoum - deux voisins du Niger ont ouvert la porte à une éventuelle transition : le Nigeria et l’Algérie. Pour l’heure, les généraux au pouvoir à Niamey n’ont pas réagi à ces propositions
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