Immigration : Que se passe-t-il à Lampedusa, où 6.000 migrants ont débarqué en quelques heures ?
Vague migratoire•Marion Maréchal, numéro deux du parti Reconquête, a annoncé se rendre sur placeX.R.
Depuis plusieurs années, Lampedusa est un îlot symbolique, un avant-poste de l’Union européenne en pleine mer Méditerranée, situé à une petite centaine de kilomètres des côtes tunisiennes. La question migratoire y est particulièrement sensible, et son camp d’accueil, inhospitalier, insalubre, menacé de fermeture, a souvent été au centre de polémiques à l’échelle du continent.
Mais la porte d’entrée de l’Europe pour les migrants a pris des airs de hall d’aéroport mercredi, avec l’arrivée d’environ 120 bateaux en à peine 24 heures. Un afflux soudain qui fait bondir la droite et l’extrême droite, et met les pouvoirs locaux et les ONG en grande difficulté. Combien de migrants sont arrivés ? Comment les autorités italiennes réagissent ? Pourquoi la droite et l’extrême droite françaises s’affolent ? 20 Minutes fait le point.
Combien de migrants sont arrivés ?
En temps normal, le centre d’accueil de Lampedusa peut accueillir 400 personnes. Largement insuffisant pour les 6.000 migrants arrivés en une journée, selon la porte-parole de la Croix-Rouge italienne, Francesca Basile. Selon la RTBF, il s’agit plutôt de 6.800 migrants, 7.000 pour le Corriere della Sera. Soit à peu près autant que la population italienne de l’île, aussi bien connue des touristes.
L’afflux était tel que les quais étaient surchargés. Mais pour éviter de voir ces migrants fouler le sol italien, la police a chargé à plusieurs reprises. Tombée à l’eau dans la nuit de mardi à mercredi, une enfant de cinq mois est morte. Selon les chiffres du ministère italien de l’Intérieur, environ 118.500 migrants sont arrivés en Italie en bateau depuis le début de l’année, un chiffre qui a doublé par rapport à 2022 sur la même période.
Comment les autorités italiennes gèrent cet afflux soudain ?
Face à l’impossibilité d’héberger tous les migrants dans le camp prévu, le maire de l’île, Filippo Mannino, a décrété l’état d’urgence mercredi soir, selon l’agence de presse italienne Ansa. Des hommes, des femmes et des enfants, venus notamment de Libye après les inondations qui ont ravagé le nord-est du pays, ont dû dormir sur des lits de fortune en plastique, enveloppés dans des couvertures de survie.
Le gouvernement « fera tout ce qui est nécessaire pour aider les habitants de Lampedusa et les migrants qui continuent d’arriver sur l’île », a promis le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani. L’objectif serait de transférer progressivement des migrants vers d’autres villes italiennes pour réduire la pression sur Lampedusa, mais l’opération s’annonce délicate vu la politique très ferme en matière d'immigration du gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni.
Quelle est la réaction en France ?
Si l’affaire fait forcément du bruit en Italie, tant à Lampedusa que dans les villes susceptibles d’accueillir des migrants, elle trouve aussi de l’écho à droite et à l’extrême droite en France. Dans un message posté sur X (ex-Twitter), le président des Républicains Eric Ciotti, doté d’un fort ancrage à Nice, « demande au Président de la République d’engager des moyens civils et militaires sans précédents pour protéger nos frontières ».
Une demande anticipée par Gérald Darmanin, qui a promis lors d’une visite à Menton en début de semaine des renforts dans la lutte contre l’immigration clandestine à la frontière avec l’Italie. De son côté, Marion Maréchal, tête de liste du parti Reconquête pour les prochaines élections européennes, va se rendre sur place et doit arriver à Lampedusa ce jeudi soir. Ce jeudi matin sur BFMTV, la numéro deux du parti d’extrême droite, soutien de la formation post-fasciste Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, évoquait « l’immense défi civilisationnel qui nous attend à travers cette submersion migratoire ». « Lampedusa n’est pas uniquement la frontière de l’Italie mais de toute l’Europe, et que ce sont les Européens qui doivent réagir ensemble à la situation en Méditerranée », renchérit son entourage. Mercredi, Berlin a aussi annoncé suspendre l’accueil volontaire de demandeurs d’asile en provenance d’Italie, prévu par les accords européens.