On nous mentLes théories du complot pullulent sur le crash de l’hélico d’Ebrahim Raïssi

L’accident d’Ebrahim Raïssi imputé à Israël, aux Etats-Unis ou même à l’Iran ? Attention aux théories du complot

On nous mentDès l’annonce du décès du président iranien Ebrahim Raïssi, dimanche, dans le crash de son hélicoptère, différentes théories du complot ont émergé, niant l’hypothèse d’un simple accident
Mikaël Libert

Mikaël Libert

L'essentiel

  • Dimanche, le président iranien, Ebrahim Raïssi, a trouvé la mort dans le crash de son hélicoptère en compagnie de son ministre des Affaires étrangères.
  • En raison des tensions actuelles au Moyen-Orient, de nombreuses thèses complotistes ont fait surface sur les réseaux sociaux pour expliquer le crash.
  • La plus répandue met en cause Israël, soit directement, soit par le biais d’alliés dans la région.

Dimanche, le président iranien, Ebrahim Raïssi, a trouvé la mort dans le crash de son hélicoptère. Si les circonstances de l’accident restent à déterminer avec exactitude, la thèse de la défaillance mécanique reste la plus probable selon les connaisseurs du pays. Pour autant, d’autres thèses ont rapidement émergé, laissant peu de place au hasard quant au sort funeste du défunt dirigeant.

La situation géopolitique extrêmement tendue au Moyen-Orient n’est pas pour rien dans la diffusion de différentes théories sur le crash qui a coûté la vie à Ebrahim Raïssi et à son ministre des Affaires étrangères. Mi-avril, on se souvient de l’attaque aérienne menée par Téhéran sur Israël en représailles au bombardement du consulat d’Iran à Damas.

Alors sur les réseaux sociaux, ils sont nombreux à mettre l’accident d’hélicoptère sur le dos de l’Etat hébreu. « Le temps était Mossad. » « La proximité de l’accident de quelques km, avec la frontière de l’Azerbaïdjan sème un doute… Quand on sait que […] l’Azerbaïdjan est considéré par Israël comme un allié stratégique contre l’Iran. » « Encore la faute de l’agent Eli Kopter »…

Vu près de un million de fois, il y a le tweet du compte Ironclad, lequel affirme que « l’Iran a reçu des informations de sources inconnues selon lesquelles l’Inde pourrait agir au nom d’Israël pour assassiner le président iranien Ebrahim Raïssi ».

Fake off

« On ne peut pas empêcher les gens de parler », se désole Thierry Coville, chercheur à l’Iris et spécialiste de l’Iran. « Envisager une attaque israélienne ne tient pas la route dans la mesure où le régime va organiser de nouvelles élections pour mettre en place le même profile qu’Ebrahim Raïssi, estime le chercheur. Il ne faut pas oublier que c’est Ali Khamenei qui dirige l’Iran finalement. »

Et quand les complotistes épargnent Israël, ils avancent l’hypothèse d’un « complot interne ». Vu plus d’un million de fois, le tweet d’un certain Bertrand Scholler s’interroge : « Je ne crois pas en la thèse de l’accident. Un hélicoptère ça ne tombe pas sans raison. La thèse de l’attentat est ouverte ? » Et force est effectivement de constater que le défunt président ne faisait pas l’unanimité. « Je ne vais pas vous cacher que beaucoup d’Iraniens se réjouissent discrètement de cet incident », témoignait anonymement un reporter iranien à nos confrères du Figaro.

« Un complot interne ? On ne sait jamais », reconnaît Thierry Coville. « Il y a une grosse compétition pour devenir le successeur du Guide, et Raïssi était en bonne place, poursuit-il, mais c’est le jour où Ali Khamenei disparaîtra que la question se posera vraiment. »

Si ce ne sont ni les Israéliens, ni les rivaux de Raïssi, il reste les Américains. « La CIA », avance un internaute. C’est peut-être, mais indirectement, l’hypothèse la plus crédible. L’appareil dans lequel se trouvait le président était un Bell 212 « Huey ». Hélicoptère massivement utilisé par les Etats-Unis au cours de la guerre du Vietnam et popularisé par le film de Francis Ford Coppola, Apocalypse Now. Un modèle très ancien, donc, encore utilisé dans le civil de nos jours au prix de fréquentes modernisations. Ce qui n’a certainement pas été le cas du Bell 212 de Raïssi. « Pour la maintenance de ses appareils, l’Iran ne parvient pas à obtenir les pièces détachées de qualité en raison de l’embargo américain », explique le chercheur de l’Iris. « Il y a un énorme problème de ce côté, même pour les avions civils d’ailleurs, la flotte iranienne est trop vieille », souligne-t-il.