Situation critiqueTout comprendre au corridor maritime humanitaire à Gaza

Guerre Israël – Hamas : Tout comprendre au corridor maritime humanitaire

Situation critiqueAprès cinq mois de guerre, la situation humanitaire est désastreuse dans le territoire. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dit espérer l’ouverture dimanche d’un corridor maritime depuis Chypre
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

L'essentiel

  • Face à l’insuffisance d’aide terrestre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dit vendredi à Chypre espérer l’ouverture dimanche d’un corridor maritime.
  • Les parachutages d’aide humanitaires restent insuffisants et sont meurtriers, puisque cinq Palestiniens sont morts vendredi dans ces circonstances.
  • L’acheminement de l’aide par voie maritime requiert la construction d’une jetée.

Face à une situation désastreuse, les efforts internationaux s’accélèrent pour acheminer l’aide humanitaire par la mer dans la bande de Gaza, menacée de famine et bombardée par Israël, qui n’y laisse entrer les camions d’aide qu’au compte-gouttes.

Après des parachutages meurtriers de vivres, la communauté internationale travaille à la mise en place d’un corridor maritime, ce qui nécessite la construction d’une jetée pour accueillir les navires. 20 Minutes fait le point.

Des parachutages meurtriers d’aide humanitaire

Après cinq mois de guerre, plusieurs pays arabes et occidentaux, dont les Etats-Unis et la France, effectuent de nouveaux largages aériens de nourriture et d’aide médicale. Mais la chute de colis largués par des avions sur la ville de Gaza a tué cinq personnes vendredi et en a blessé dix, selon une source hospitalière.

« Quand les avions ont commencé à larguer la cargaison, moi et mon frère nous sommes rendus dans la zone dans l’espoir de récupérer un sac de farine », a raconté Mohammed al-Ghoul, un homme de 50 ans vivant dans le camp de réfugiés d’al-Chati, où l’accident a eu lieu. « Mais le parachute ne s’est pas ouvert et la cargaison est tombée comme une roquette sur le toit d’une des maisons », a-t-il expliqué.

Les armées jordanienne et américaine ont affirmé qu’aucun de leurs appareils n’était à l’origine du drame. La Belgique, l’Egypte, la France et les Pays-Bas effectuent également des largages d’aide sur le territoire.

Construire une jetée temporaire

Face à l’insuffisance d’aide terrestre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dit vendredi à Chypre espérer l’ouverture dimanche d’un corridor maritime permettant d’acheminer de l’assistance humanitaire depuis l’île méditerranéenne, située à quelque 370 kilomètres de Gaza. Cette annonce suivait celle du président américain Joe Biden jeudi sur une opération humanitaire majeure par mer impliquant la construction d’une « jetée temporaire » à Gaza, pour permettre l’arrivée d'« aides massives ».

Le Pentagone a précisé vendredi que l’édification de cette structure prendra jusqu’à 60 jours et impliquera probablement plus de 1.000 soldats. Le port temporaire « pourrait fournir plus de deux millions de repas par jour aux citoyens de Gaza », a détaillé son porte-parole, Pat Ryder. Joe Biden a déclaré vendredi que Benyamin Netanyahou devait permettre l’acheminement de plus d’aide humanitaire, après avoir été surpris en train de dire qu’il aurait une discussion franche avec le Premier ministre israélien sur la guerre à Gaza.

Une famine généralisée inévitable, s’inquiète l’ONU

Les Etats-Unis mettent une pression grandissante sur Israël, leur allié, qui assiège Gaza depuis le 9 octobre et ne laisse entrer les camions d’aides qu’au compte-gouttes en provenance d’Egypte. Selon l’ONU, sur les 2,4 millions d’habitants présents dans le territoire exigu, 2,2 millions sont menacés de famine avec d’importantes pénuries de nourriture et d’eau potable, et 1,7 million ont été déplacés par les combats et les frappes israéliennes.

Pour l’ONU, qui met en garde contre une « famine généralisée presque inévitable » à Gaza, les parachutages, de même que l’envoi d’aide par la mer, ne peuvent se substituer à la voie terrestre. D’après le ministère de la Santé du Hamas, au moins 20 civils, la plupart des enfants, sont morts de malnutrition et de déshydratation à Gaza.

Plus de 30.000 Palestiniens tués par l’armée israélienne

Après cinq mois d’une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante du Hamas contre Israël, les frappes israéliennes sur Gaza ne connaissent aucun répit : ces dernières 24 heures, au moins 78 personnes y ont péri, portant à 30.878 le bilan des morts à Gaza depuis le début du conflit, selon les autorités du mouvement islamiste.

Les soldats israéliens ont pris de vastes secteurs du territoire palestinien depuis le lancement de leur offensive terrestre le 27 octobre, dont le petit port de Gaza.

Espoir de trêve pour le ramadan

Après quatre jours de négociations infructueuses au Caire, les négociations sur une trêve impliquant les pays médiateurs – Egypte, Qatar, Etats-Unis – doivent reprendre la semaine prochaine, selon un média égyptien progouvernemental.

Les médiateurs espéraient pouvoir arracher un accord sur une trêve associée à une libération d’otages en échange de prisonniers palestiniens avant le ramadan, le mois sacré du jeûne pour les musulmans, qui commencera après l’apparition du premier croissant de lune, dimanche ou lundi.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a déclaré vendredi qu’il appartenait au Hamas d’accepter une trêve avec Israël, mais la branche armée du groupe a dit qu’elle ne ferait « aucun compromis » sur ses exigences d’un cessez-le-feu définitif et d’un retrait des troupes israéliennes en échange de tout accord sur une libération des otages. Plus tard dans la journée, le président Biden a estimé qu’il serait « difficile » d’obtenir un cessez-le-feu avant le ramadan.