Guerre Hamas-Israël : A Gaza, « les gens sont épuisés physiquement et mentalement », s’alarme une responsable humanitaire
interview•« 20 Minutes » a recueilli le témoignage de Danila Zizi, responsable Palestine à Handicap international, sur la situation catastrophique dans la bande de GazaPropos recueillis par Jean-Loup Delmas
L'essentiel
- Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre, Israël bombarde la bande de Gaza.
- Mais à Gaza, il n’y a pas que le Hamas, mais aussi 2,4 millions de civils, qui subissent de plein fouet les bombardements. Plus de 3.000 morts seraient à déplorer.
- Handicap International, comme d’autres organismes humanitaires, sont sur place. Danila Zizi, responsable Palestine, témoigne pour 20 Minutes.
Près de deux semaines après l’attaque d’ampleur menée par le Hamas en Israël, les projecteurs sont plus que jamais tournés vers la bande de Gaza. Le territoire palestinien, coupé du reste du monde, subit le bombardement appuyé de l’armée israélienne, déplorant plus de 3.000 morts et de centaines de milliers de déplacés.
Malgré la difficulté d’accès pour les personnels humanitaires, certaines associations sont sur place. C’est notamment le cas de Handicap international. Danila Zizi, responsable Palestine de l’organisation, répond à 20 Minutes.
Quelle est la situation à Gaza ?
Les conditions de vie à Gaza sont de plus en plus désastreuses. Le nombre de personnes déplacées est estimé à environ un million, dont plus de 353.000 personnes séjournant dans les camps de l’Unrwa [L’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient] dans le centre et le sud de Gaza. L’Unrwa a récemment tiré la sonnette d’alarme, affirmant qu’elle avait épuisé toutes les ressources nécessaires pour fournir de la nourriture et de l’eau.
A Gaza, l’eau est disponible dans les maisons grâce à des pompes alimentées par l’électricité ; l’absence continue d’électricité affecte tous les services essentiels, y compris les réfrigérateurs. Face à ce manque, la population essaie d’obtenir de l’eau n’importe où, souvent pas propre, ce qui peut conduire à des épidémies.
Les hôpitaux se sont transformés en refuges, il est difficile de réaliser des activités vitales, et les médicaments sont épuisés. Par ailleurs, le bien-être psychologique des personnes est alarmant, les bénévoles et le personnel de Handicap international ont sonné l’alarme à plusieurs reprises sur le bilan que les bombardements répétés et le sentiment d’insécurité font peser, en particulier sur les femmes et les enfants.
Au-delà des bombardements, Israël a donc coupé l’eau et l’électricité…
C’est certainement l’une des préoccupations majeures. Nous pouvons parler de catastrophe humanitaire. Les civils sont épuisés, physiquement et mentalement, rationnant la nourriture et l’eau, incapables de disposer d’espaces sûrs. Les blessés et les personnes handicapées ne peuvent pas recevoir de soins vitaux.
Quelles sont vos actions sur place ?
La priorité absolue de Handicap international reste le bien-être de son personnel et de ses partenaires, 300 bénévoles bien formés. Une partie a été évacuée vers le sud, à proximité des refuges. Ensemble, et en étroite coordination avec le personnel de l’Unrwa, nous avons pu distribuer des kits d’hygiène, des couches, des pansements, des appareils fonctionnels, des kits de cuisine…
Ces derniers jours, nous avons aussi envoyé 500.000 SMS vers la plupart des zones touchées par les bombardements à Gaza, contenant des messages de base sur la manière d’évacuer en toute sécurité les bâtiments touchés par les bombardements. Depuis mercredi, certaines activités récréatives de base pour les enfants ont également commencé dans les refuges.
Quels sont les besoins les plus urgents ?
Il est primordial que l’accès humanitaire soit accordé pour pouvoir fournir de la nourriture, de l’eau et des médicaments à la population, sans oublier les articles non alimentaires tels que les kits d’hygiène…
Voyez-vous une solution ?
Un cessez-le-feu serait la solution immédiate et la plus efficace. Avec un accès sans entrave à l’intérieur de la bande de Gaza, nous pourrions, comme la communauté humanitaire dans son ensemble, porter secours à une population dans le besoin.