Attaque surprise, réactions… Récit d’un week-end de guerre en Israël

Attaque du Hamas en Israël : « Déluge d’Al-Aqsa » contre opération « épées de fer »… Récit de deux jours de guerre

Récap'La Hamas a tiré des centaines des roquettes sur Israël samedi matin, relançant le conflit avec l’Etat hébreu
Xavier Regnier

X.R.

L'essentiel

  • Israël et la bande de Gaza sont en guerre après le déclenchement samedi matin d’une offensive militaire surprise et spectaculaire du Hamas. Le Hamas a tiré des milliers de roquettes, infiltré des combattants en territoire israélien et capturé des Israéliens.
  • Cette éruption de violence a fait « plus de 200 morts » et « plus de 1.000 blessés » côté israélien, selon l’armée qui a accusé le Hamas d’avoir « massacré des civils », et 232 morts côté palestinien, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du mouvement islamiste au pouvoir sur la bande de Gaza depuis 2007.
  • Des premiers tirs au bilan provisoire, 20 Minutes retrace pour vous les 24 premières heures de ce nouvel épisode du conflit entre Israël et la Palestine.

La fureur et le feu s’abattent de nouveau sur le sud d’Israël et la bande de Gaza, quelques mois après la signature d’une trêve négociée par l’Egypte. Israël s’est réveillée samedi sous les roquettes tirées depuis Gaza, et depuis, le Premier ministre israélien n’a qu’un mot à la bouche : « guerre ». En réaction aux attaques, l’Etat hébreu bombarde Gaza, et le monde entier craint une extension des combats. Des premiers tirs au bilan provisoire, 20 Minutes retrace pour vous les vingt-quatre premières heures de ce nouvel épisode du conflit entre Israël et la Palestine.

L’attaque surprise

Le moment a été choisi avec soin. Samedi, c’est shabbat, jour de repos dans la religion juive. La journée est traditionnellement chômée en Israël, les transports publics ne fonctionnent pas, on s’est couché repu la veille après un repas traditionnel. Ce samedi, cinquante ans et un jour après le début de la guerre israélo-arabe de 1973, vers 6h30 du matin, des centaines de roquettes tirées depuis la bande de Gaza se sont abattues sur Israël. Le Hamas annonce avoir déclenché le « déluge d’Al-Aqsa » et tiré plus de 5.000 roquettes.

En moto, par bateau et même en ULM, les combattants palestiniens s'infiltrent dans les localités israéliennes d'Ashkelon, Sderot ou encore Ofakim, situé à environ 22 kilomètres de la frontière avec l'enclave côtière. Un poste de police est notamment pris d'assaut et capturés à Sderot par dix terroristes, qui seront tués plus tard par les forces israéliennes.

Israël est prise par surprise. « Il y a dû avoir une défaillance au niveau du renseignement, je ne le cache pas », admettra quelques heures plus tard Raphaël Morav, l’ambassadeur d’Israël en France, au micro de BFMTV. Des dizaines de combattants palestiniens se sont « infiltrés » dans des villes du sud d’Israël, annonce la police, qui barre les routes. En quelques heures, l’armée israélienne met tout de même en branle sa riposte, l’opération « épées de fer ». Gaza est bombardée depuis les airs et des combats au sol s’engagent, qui concernaient encore « 22 endroits » en début de soirée samedi.

Le monde se réveille

De Berlin à Washington, les grandes puissances alliées d’Israël ne tardent pas à condamner « les horribles attaques du Hamas », selon les mots du ministre des Affaires étrangères britannique James Cleverly. L’Italie « soutient le droit d’Israël à se défendre » contre une « attaque brutale », l’Espagne se dit choquée par la « violence aveugle » du Hamas et l’Inde se déclare « solidaire » d’Israël. L’Ukraine se range aussi dans le camp de l’Etat hébreu. Dans l’après-midi, les Etats-Unis réaffirment un engagement « inébranlable » aux côtés de Tel-Aviv, souhaitant s’assurer qu’Israël « a ce dont il a besoin pour se défendre ».

D’autres pays, comme la Russie, appellent à « un cessez-le-feu immédiat ». C’est le cas de l’Egypte, qui demande « un maximum de retenue », et du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui exhorte les Israéliens et les Palestiniens à « agir de manière raisonnable ». L'Arabie soudite a appelé à « l'arrêt immédiat de l'escalade entre les deux parties, à la protection des civils et à la retenue ». En France, Emmanuel Macron « condamne fermement les attaques terroristes qui frappent actuellement Israël ». Seule LFI se détache de cette condamnation, justifiant l’attaque du Hamas par « un contexte d’intensification de la politique d’occupation israélienne à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem Est ». Une position qui crée la polémique au sein de la classe politique française.

Le Hezbollah entre en jeu, la crainte d’un conflit qui s’étend

Parmi les réactions à l’attaque, celle de l’Iran se situe naturellement aux antipodes du reste de la communauté internationale. L'Iran « soutient la légitime défense de la nation palestinienne », a déclaré le président iranien Ebrahim Raïssi, en ajoutant qu'Israël devait « être tenu pour responsable » de la situation. Alors qu’une réunion d’urgence du conseil de sécurité de l’ONU se met en place, les Etats-Unis mettent en garde « tout acteur hostile à Israël qui chercherait à profiter de la situation ». L’idée que le conflit puisse dégénérer est dans tous les esprits.

Si les combats avec le Hamas concernent surtout le sud du pays, Israël doit aussi surveiller sa frontière nord. Depuis le Liban, le Hezbollah félicite le Hamas pour son « opération héroïque ». Dimanche matin, l’organisation islamiste revendique le bombardement de trois positions israéliennes à la frontière « en solidarité avec la résistance et le peuple palestiniens ».

Mais le conflit peut aussi mettre le feu aux poudres à l’intérieur de certains pays. Anticipant des troubles entre les communautés juives et musulmanes, Gérald Darmanin ordonne le renforcement de la sécurité sur les lieux de cultes et les écoles juives. Dans la nuit, la police londonienne annonce également renforcer ses patrouilles dans certains quartiers après « un certain nombre d’incidents en relation avec le conflit ».

Des otages et un bilan provisoire déjà très lourd

Dès la fin de matinée samedi, le Hamas annonce avoir fait des otages, civils et militaires. « Plus de 100 prisonniers » étaient entre ses mains dimanche, selon le gouvernement israélien. Parmi eux pourrait figurer un Franco-Israélien de 26 ans, originaire de Bordeaux, enlevé alors qu’il participait à un festival de musique près de la bande de Gaza, indique le député Meyer Habib. Lors de ce raid, dès les premières heures de l'attaque, des dizaines de jeunes ont été tués, et de nombreux autres sont portés disparus. L'armée israélienne devait, ce dimanche organiser l'évacuation de tous les civils proches de la frontière avec Gaza.

En moins de quarante-huit heures, le bilan est déjà très lourd. Plus de 600 personnes, dont 26 militaires, ont été tuées et « plus de 2.000 blessées » côté israélien. Une grande collecte de sang a été lancée au niveau national. L’armée israélienne accuse par ailleurs le Hamas d’avoir « massacré des civils » dans leurs maisons. Deux Thaïlandais, un étudiant cambodgien et deux Ukrainiennes ont été tués. Dans la bande de Gaza, où un hôpital a été bombardé par les forces israéliennes, le Hamas dénombre 370 morts et près de 2.200 blessés.