Etats-Unis : Donald Trump peut-il contourner la Constitution américaine et se lancer dans un troisième mandat ?
Coup d’État•Donald Trump affirme qu’il ne « rigole pas » lorsqu’il évoque la possibilité de se représenter en 2028, ce que la Constitution interdit. A quels « moyens » de contourner l’interdiction pense-t-il ?Clément François
L'essentiel
- Donald Trump évoque la possibilité d’un troisième mandat présidentiel malgré l’interdiction constitutionnelle, affirmant qu’il existe des « méthodes » pour contourner les textes.
- Plusieurs scénarios sont envisagés, comme la modification de la Constitution ou une tentative de devenir vice-président puis d’accéder au pouvoir par démission du président élu.
- Si l’éventualité d’un coup d’État est mentionnée, elle semble pour le moment irréalisable sans un soutien populaire, national et international.
Interrogé par la chaîne NBC sur la possibilité de briguer un troisième mandat à la tête de la Maison Blanche, ce qui est interdit dans la Constitution, Donald Trump assure qu’il est « bien trop tôt pour y penser » mais qu’il ne « blague pas » et qu’il existe des « méthodes » pour contourner les textes.
« Nul ne pourra être élu à la présidence plus de deux fois » stipule pourtant le 22e amendement de la Constitution des Etats-Unis. Un article limpide qui ne laisse que très peu de place à l’interprétation, mais qui ne semble pas pour autant décourager le président américain. 20 Minutes fait le point sur les scénarios envisagés.
Modifier la Constitution
Si c’est la Constitution qui empêche Donald Trump de se représenter, pourquoi ne pas simplement la modifier comme le prévoit l’article 5 ? « Impossible » pour Dominique Simonnet, essayiste et spécialiste des Etats-Unis.
« Il faudrait obtenir un vote des deux tiers du Congrès (chambre des sénateurs et chambre des représentants) ou des deux tiers des Etats américains » rien que pour entamer la démarche de modification, qui doit ensuite être validée par les « trois quarts » des Etats américains.
Des conditions beaucoup plus strictes qu’en France notamment, qui font des Etats-Unis un pays difficile à réformer. « On ne peut rien changer à la Constitution » conclut Dominique Simonnet.
Devenir le vice-président de J.D. Vance
Une autre possibilité évoquée serait de faire une mystification à la « Poutine », en référence au passage du président russe au poste de Premier ministre pour Dmitri Medvedev entre 2008 et 2012, afin d’éviter d’enchaîner plusieurs mandats consécutifs.
En se présentant en tant que vice-président de J.D. Vance ou d’un autre candidat républicain, Donald Trump pourrait en théorie accéder au pouvoir sans être élu. Il suffirait ensuite au président élu de démissionner, transmettant ses pouvoirs au vice-président.
Une interprétation du droit « fantasque » pour Dominique Simonnet, et qui en plus a déjà été anticipée par les évolutions du droit américain. En effet, le douzième amendement prévoit « qu’une personne inéligible au poste de président ne peut être éligible à celui de vice-président. » Même si les textes sont clairs, il n’exclut pas que les Républicains fassent appel à « une armée d’avocats qui vont tenter de pinailler sur la moindre virgule ».
Le coup d’Etat
Si les pistes légales et constitutionnelles sont épuisées, Donald Trump ira-t-il jusqu’au coup d’État pour garde le pouvoir ? « C’est en tout cas ce qu’il laisse entendre », selon l’essayiste. « Il peut toujours manipuler les conditions de l’état d’urgence comme il le fait actuellement pour faire appliquer ses décrets. » Un fonctionnement du pouvoir « hors de la légalité » qui empêcherait la justice d’agir comme contre-pouvoir.
Si la thèse du coup d’état semble encore loin, Dominique Simonnet appelle à la méfiance, mais surtout à écouter les différentes déclarations du président américain : « On répète toujours que c’est un président imprévisible, pour moi c’est complètement faux. Il n’a jamais bougé sur la question et a toujours dit qu’il voulait garder le pouvoir. »
Notre dossier sur les Etats-UnisA 82 ans, un Trump vieillissant aura-t-il les épaules pour mener l’insurrection ? Malgré le soutien de ses proches comme Steve Bannon, qui l’appelle déjà à se présenter en 2028, il devrait avoir face à lui l’opposition internationale, celle d’une grande partie des citoyens américains mais aussi des Etats gouvernés par les démocrates, et peut-être de la police et de l’armée s’il déclarait vouloir garder le pouvoir par la force… Difficile pour le moment d’y croire même si, comme il le dit lui-même, « le chemin est encore long » d’ici la fin de son second mandat, qui commence à peine.