battue par les ventsLa Floride « particulièrement vulnérable » à l’ouragan Milton

Ouragan Milton : Pourquoi la Floride, « royaume des suburbs », est « particulièrement vulnérable » ?

battue par les ventsLittoral peu protégé, habitations fragiles et terres déjà gorgées de pluies, la Floride cumule tous les éléments pour souffrir du passage de l’ouragan Milton
La mer s'agit sur le littoral de Floride alors que l'ouragan Milton approche.
La mer s'agit sur le littoral de Floride alors que l'ouragan Milton approche. - Bryan R. SMITH / AFP
Xavier Regnier

Xavier Regnier

L'essentiel

  • Joe Biden a pressé les habitants de Floride d’évacuer leurs habitations, alors que l’ouragan Milton qui approche est « la pire tempête en Floride depuis un siècle ».
  • Pourtant, l’Etat péninsulaire est habitué au passage des ouragans. Mais la puissance de Milton est remarquable, surtout après le passage il y a deux semaines d’un autre ouragan.
  • Déjà affaiblie, la Floride pourrait être dévastée.

Des files interminables de voitures s’étirent sur les autoroutes de Floride, dans l’espoir d’échapper au danger qui approche. L’ouragan Milton, renforcé par sa traversée du golfe du Mexique, devrait toucher l’Etat américain dans la nuit. A Washington, Joe Biden est alerte, appelant les habitants à fuir face à « la pire tempête en Floride depuis un siècle ».

« On ne pourra avoir une appréciation définitive qu’après son passage, mais le fait qu’il soit dans les cinq plus gros ouragans de l’histoire de la Floride est déjà acté », confirme pour 20 Minutes Matthieu Schorung, maître de conférences en géographie à la Sorbone université. Milton devrait ainsi se situer « au moins au niveau » de l’ouragan Okeechobee, en 1928, et du Labor Day Hurricane de 1935, qui avait enregistré des vents jusqu’à 295km/h au moment de frapper terre.

« C’est le royaume des suburbs ! »

Et si l’ouragan s’annonce aussi dangereux pour l’Etat floridien, c’est notamment en raison de la géographie américaine. « La Floride est une péninsule particulièrement basse et vulnérable à la montée des eaux », pointe le géographe, en particulier sur la côte ouest qui subira de plein fouet l’ouragan. Là, « l’onde de tempête devrait atteindre au moins trois mètres et générer une submersion du littoral ».

Par ailleurs, 90 % de la population vit près des côtes. Et si la ville de Miami ne devrait pas être trop inquiétée, « Tampa et ses 3,2 millions d’habitants vont être en première ligne ; Orlando, 4 millions d’habitants et située à l’intérieur des terres, est aussi sur la trajectoire et devrait être touchée par un ouragan affaibli ». L’urbanisation de la Floride vient renforcer cette vulnérabilité. « C’est le royaume des suburbs ! D’immenses zones pavillonnaires sont particulièrement vulnérables », car les ensembles sont majoritairement construits « en bois ou avec des matériaux de récupération pour réduire les coûts », indique Matthieu Schorung. Autant d’habitations qui seront balayées comme des fétus de paille par les vents attendus autour de 240km/h.

La Floride déjà affaiblie par l’ouragan Hélène

Mais la puissance seule de Milton ne suffit pas à en faire « la tempête du siècle », même s’il se classe au cinquième rang des plus basses pressions au centre, derrière Wilma en 2005, rappelle Météo-France. L’enchaînement des catastrophes est aussi un point à prendre en compte.

Le passage de l’ouragan Hélène, il y a tout juste deux semaines, est déjà venu fragiliser la côte floridienne. « Les autorités ont dû évacuer en urgence les piles de débris constituées par les populations, car elles représentaient un stock de projectiles potentiels pour Milton », renforçant sa dangerosité, pointe Matthieu Schorung.

Les inondations risquent également d’être aggravées sur un sol « déjà détrempé », alors que Météo-France rappelle que « le changement climatique renforce les forts cumuls de précipitations associés aux cyclones », jusqu’à 12 % pour 2° C de réchauffement.

Enfin, le passage « de catégorie 1 à 5 en à peine 10 heures » de l’ouragan Milton, au moment de quitter le Mexique, a provoqué un « effet de sidération et de prise de conscience », souligne Matthieu Schorung, qui rappelle que la dangerosité d’un ouragan dépend aussi du degré de préparation. « Katerina n’a touché terre qu’en catégorie 3 », mais a été terriblement destructeur, rappelle le géographe…