freedom of speechLa présidente de Harvard maintenue malgré la polémique sur l’antisémitisme

Antisémitisme sur les campus américains : La présidente de Harvard maintenue à son poste

freedom of speechCritiquée pour sa gestion des manifestations liées à la guerre Hamas-Israël et pour son audition devant le Congrès, Claudine Gay a reçu le soutien du conseil d’administration de la prestigieuse université
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Elle sauve sa tête. La présidente de l’université américaine Harvard a été maintenue dans ses fonctions malgré les « pressions politiques » après ses propos jugés ambigus sur la lutte contre l’antisémitisme sur le campus, secoué par le conflit meurtrier entre Israël et le Hamas.

« En tant que membres de la Corporation de Harvard, nous réaffirmons ce jour notre soutien à la poursuite du mandat de direction de la présidente (Claudine) Gay », indique la plus haute instance de la prestigieuse université, fondée il y a 368 ans à Cambridge, près de Boston.

Après un conseil d’administration extraordinaire lundi soir, l’instance a exprimé sa « confiance dans le fait que la présidente Gay est la bonne dirigeante pour aider notre communauté (universitaire) à traiter des très graves questions sociétales auxquelles nous sommes confrontés ».

Claudine Gay, 53 ans, née à New York dans une famille d’immigrés haïtiens, est une professeure de sciences politiques devenue en juillet la première présidente noire de l’université Harvard.

Soutenue par 700 professeurs

Depuis ce week-end, une pétition de près de 700 professeurs s’opposait aux appels et aux « pressions politiques » visant à obtenir la démission de Claudine Gay, accusée d’avoir mal géré des problèmes d’antisémitisme sur le campus.

Rabbin sur le campus, Getzel Davis a réagi au maintien en poste de Claudine Gay en déclarant que « le plus important pour les étudiants juifs d’Harvard, c’est que la culture change, et que nous ayons une administration qui les soutienne, qui nomme, dénonce et lutte contre l’antisémitisme partout où il survient ».

Depuis l’attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre, suivie de représailles meurtrières de l’armée israélienne dans la bande de Gaza, le conflit déchaîne les passions dans des universités renommées aux Etats-Unis, comme Harvard.

De riches donateurs et des voix dans le camp républicain, mais aussi démocrate, ont dénoncé une flambée d’incidents antisémites sur les campus et critiqué une réponse trop faible des présidents d’universités, sur fond de critiques récurrentes des conservateurs contre les campus américains qu’ils jugent trop à gauche.

70 élus demandent son départ

Plus de 70 membres du Congrès américain à Washington, en grande majorité des élus républicains, ont réclamé le départ de Claudine Gay après une audition parlementaire devant la Chambre des représentants mardi dernier, où ses réponses sur la condamnation de l’antisémitisme ont été vivement critiquées car jugées ambiguës.

Pour le professeur de sciences politiques Ryan Enos, l’un des 700 qui a signé une lettre de soutien, « les conservateurs veulent faire cesser la liberté d’expression sur les campus ». « Et ils ont déjà réussi dans une certaine mesure à faire taire les voix pro-palestiniennes sur les campus universitaires », a-t-il ajouté auprès de l’AFP.

Mardi 5 décembre, dans une ambiance tendue, Claudine Gay et ses homologues de l’université de Pennsylvanie (UPenn) et du Massachusetts Institute of Technology (MIT), Elizabeth Magill et Sally Kornbluth, avaient répondu mardi cinq heures durant aux questions d’élus de la Chambre des représentants.

Parmi eux, la républicaine Elise Stefanik, qui assimilait les appels à l' » intifada » d’étudiants pro-palestiniens à une exhortation au « génocide contre les juifs en Israël et dans le monde ». Lorsqu’elle a demandé si « appeler au génocide des juifs violait le règlement sur le harcèlement à Harvard, oui ou non ? », Claudine Gay a répondu : « Cela peut, en fonction du contexte », avant d’ajouter : « Si c’est dirigé contre une personne. »

La polémique a contraint Elizabeth Magill à quitter samedi la présidence de UPenn.

Vendredi, Claudine Gay, qui avait défendu avec ses collègues le sacro-saint principe de la liberté d’expression aux Etats-Unis, s’était dite « désolée » que ses « mots (aient) amplifié la détresse et la douleur ». « La présidente Gay a présenté ses excuses pour la manière dont elle a témoigné devant le Congrès et s’est engagée à redoubler les efforts de l’université pour combattre l’antisémitisme », a souligné mardi la Corporation de Harvard.