Etats-Unis : La Navy recherche des débris du ballon espion chinois
Enquête•Un second ballon a été détecté au-dessus de la Colombie20 Minutes avec AFP
Tant qu’il était au-dessus des terres, impossible de faire feu, protection des civils oblige. Mais dès que le ballon chinois, qui a survolé les Etats-Unis pendant plusieurs jours, a passé la côte, le signal a été donné. Un chasseur F-22 a abattu samedi le ballon au large de la Caroline du Sud, alors qu’il évoluait à 18 kilomètres d’altitude. Ses débris sont retombés à quelque 11 kilomètres de la côte, leur panache s’étendant sur environ 11 kilomètres également, en eaux relativement peu profondes.
Le général Glen VanHerck, commandant des forces américaines en Amérique du Nord, a précisé dimanche que la marine menait « des opérations de récupération, avec l’aide des garde-côtes américains pour sécuriser la zone et maintenir la sécurité publique ». Le Pentagone affirme qu’il s’agit d’un ballon espion « utilisé par la République populaire de Chine dans une tentative de surveiller des sites stratégiques » aux Etats-Unis. Pékin assure qu’il s’agissait d’un aéronef de surveillance météorologique ayant dévié de sa trajectoire.
Pékin « se réserve le droit » de répliquer
Le survol du territoire des Etats-Unis n’en finit pas de détériorer les relations sino-américaines. Il avait déjà provoqué la semaine dernière l’annulation à la dernière minute d’une visite à Pékin du chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, la première prévue à ce niveau depuis 2018. Lundi, le gouvernement chinois a accusé les Etats-Unis d’avoir « gravement affecté » les relations entre les deux pays en l’abattant.
La Chine s’est insurgée à plusieurs reprises contre la décision des Etats-Unis d’abattre l’aéronef, et le vice-ministre des affaires étrangères Xie Feng a averti dimanche que Pékin « se réserve le droit » de répliquer. « Les actions américaines ont gravement affecté et endommagé les efforts et progrès des deux parties pour stabiliser les relations sino-américaines depuis la rencontre de Bali » entre les présidents Joe Biden et Xi Jinping en novembre, a-t-il déclaré lundi dans un communiqué.
Les républicains critiques
L’affaire agite aussi la politique américaine, l’opposition républicaine accusant ce week-end le président Joe Biden de ne pas avoir eu une réponse plus rapide et plus ferme. « Comme toujours, quand il s’agit de sécurité nationale et de politique étrangère, l’administration Biden a répondu d’abord de façon trop indécise, puis trop tard », a taclé le chef des républicains au Sénat Mitch McConnell.
« Nous n’aurions pas dû laisser la République populaire de Chine tourner notre espace aérien en ridicule », a-t-il fustigé dans un communiqué, qualifiant l’affaire d'« occasion manquée » de défendre la « souveraineté » américaine. « Abattre le ballon au-dessus de l’eau n’était pas seulement l’option la plus sûre, mais aussi celle permettant de maximiser les informations récoltées » en récupérant les restes de l’engin, a rétorqué dimanche le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer. Cela permettra « d’analyser la technologie utilisée par l’armée chinoise », estime-t-il, ajoutant qu’une réunion d’information à huis clos sur l’affaire, pour tous les sénateurs, est prévue le 15 février.
L’aéronef était entré une première fois dans l’espace aérien américain le 28 janvier, au nord des îles Aléoutiennes, dans l’Alaska. Il avait ensuite pénétré l’espace aérien canadien le 30 janvier, puis était repassé côté américain, au niveau de l’Idaho dans le nord-ouest des Etats-Unis, le 31 janvier.
Vendredi, l’armée de l’air colombienne a également déclaré avoir détecté un autre objet présentant « des caractéristiques similaires à celles d’un ballon », et Pékin a reconnu qu’il s’agissait d’un engin de « surveillance », « de nature civile », qui avait « sérieusement dérivé de sa trajectoire » en raison du climat.