Espagne : Après le revers de son camp aux élections locales, Pedro Sanchez convoque des législatives anticipées
QUITTE OU DOUBLE•Le Premier ministre a décidé de « dissoudre le Parlement » et de convoquer des élections générales « le dimanche 23 juillet »20 Minutes avec AFP
Pedro Sanchez a tenté lundi un coup de poker politique. Le Premier ministre socialiste espagnol a convoqué des élections législatives anticipées, un pari risqué pour tenter de se maintenir au pouvoir après la victoire sans appel des conservateurs lors d’un double scrutin municipal et régional dimanche.
La mine grave, il a annoncé, depuis le siège du gouvernement, sa décision de « dissoudre le Parlement et de procéder à la convocation d’élections générales ». Celles-ci auront lieu « le dimanche 23 juillet », soit durant le semestre de présidence espagnole du Conseil européen qui commence le 1er juillet, a ajouté le socialiste, au pouvoir depuis 2018.
Sanchez « assume » le revers aux élections locales
« J’ai pris cette décision à la vue des résultats des élections d’hier », a précisé Pedro Sanchez, alors que les législatives devaient initialement se tenir à la fin de l’année, à une date qui n’avait pas encore été fixée. « Comme président du gouvernement et comme secrétaire général du Parti socialiste, j’assume (la responsabilité des) résultats et je pense qu’il est nécessaire de donner une réponse et de soumettre notre mandat démocratique à la volonté populaire ».
Fragilisé par l’usure du pouvoir et la baisse du pouvoir d’achat des Espagnols, le socialiste a subi un revers cuisant lors des municipales et des régionales de dimanche que les conservateurs du Parti Populaire (PP) avaient voulu transformer en référendum anti-Sanchez. Devancé depuis des mois dans les sondages par le PP, son image a également souffert des tensions récurrentes entre les socialistes et leurs partenaires de Podemos (gauche radicale) au sein du gouvernement. Il a été également été critiqué, parfois jusque dans son camp, pour ses alliances avec les indépendantistes catalans ou basques.
Les socialistes misent sur la peur de l’extrême droite
Sur les 10 régions gouvernées par les socialistes, directement ou dans le cadre d’une coalition, qui étaient en jeu dimanche, le Parti Populaire en a conquis six. Il s’est par ailleurs renforcé dans ses deux bastions régionaux de Madrid et de Murcie et a pris à la gauche les mairies de Valence et de Séville, troisième et quatrième villes du pays.
Le parti de droite aura toutefois besoin du soutien de Vox, un parti d’extrême droite, pour pouvoir gouverner dans la quasi-totalité des régions qu’il a conquises, mais aussi - selon les sondages - au niveau national après les législatives s’il les remporte. Une équation problématique pour le PP, qui essaie de projeter une image modérée et qui a été déjà embarrassé par les prises de position de la formation ultranationaliste en Castille-et-León, la seule région où les deux formations gouvernent ensemble.
Pour réussir en juillet son pari, le Premier ministre pense d’ailleurs pouvoir tirer profit de la peur de l’extrême droite. Il compte en effet « mobiliser les électeurs de gauche contre un potentiel gouvernement PP-Vox au niveau national », estime Antonio Barroso, analyste du cabinet Teneo.