On ne compte plus les apparitions publiques du couple au cours desquelles son mari tente désespérément de lui prendre la main ou de l’enlacer tendrement. Des scènes reprises dans les journaux télévisés du monde entier et sur les réseaux sociaux car la réaction de l’ex-Première dame interroge : elle tape sur la main de Donald, ou s’en détourne carrément. D’apparence glaciale, Melania Trump est une figure aussi fascinante que mystérieuse. Elle est d’ailleurs si peu loquace sur sa vie personnelle et son parcours que de nombreuses théories du complot circulent à son égard.

Mary Jordan, auteure de The Art of Her Deal : The Untold Story of Melania Trump (ed. Simon & Schuster) et journaliste au Washington Post, a enquêté sur Melania pendant plusieurs années. Et ses recherches révèlent que derrière son apparente discrétion, la quinquagénaire influence les campagnes de Donald Trump, y compris celle de 2024.

« La première Première dame à avoir posé nue »

L’intérêt de Mary Jordan pour Melania Trump remonte à bien avant que son mari n’accède à la Maison Blanche. C’est lors d’une réunion de rédaction au Washington Post, en 2015, qu’elle a commencé à réaliser toute sa singularité : « J’ai pris conscience que si Melania devenait Première dame des États-Unis, elle serait la première à avoir grandi derrière le Rideau de fer, la première à ne pas avoir grandi en parlant anglais, la première mannequin, mais aussi la première à avoir posé nue. » Pour Mary Jordan, Melania représente une rupture totale avec les Premières dames traditionnelles, tant par son parcours que par son rôle en tant que femme de Donald Trump. « Je me suis dit " mais qui est cette femme ? Elle a une histoire incroyable qui la mène d’un petit pays anciennement communiste à la Trump Tower !" », explique la journaliste.

Afin de mieux comprendre ce personnage complexe, Mary Jordan a mené une enquête durant le mandat de Donald Trump, de 2016 à 2020. Elle s’est ainsi rendue en Slovénie, le pays natal de Melania. « Quand elle quitte un endroit ou des gens, elle ne regarde jamais en arrière », explique Mary Jordan. Cette philosophie résume bien la manière dont Melania préfère se concentrer sur l’avenir, souvent en coupant les ponts avec son passé. « Elle a quitté la Slovénie et n’est pas restée en contact, pareil lorsqu’elle a quitté Milan et Paris. C’est rare de ne rester en contact avec absolument personne ! » précise la journaliste. L’isolement de Melania est d’ailleurs un aspect clé de sa personnalité. Contrairement à d’autres Premières dames, elle n’a jamais cherché à avoir un large cercle d’amis. « Elle a été la Première dame la plus isolée de l’Histoire des États-Unis », observe Mary Jordan.

#FreeMelania, le hashtag qui fait rugir Melania

S’ils sont en couple depuis la fin des années 1990, il faudra attendre le début de l’année 2005 pour que Melania et Donald Trump se disent officiellement « oui » depuis Palm Beach, en Floride. Cependant, leur union a toujours suscité des interrogations. Mary Jordan souligne leur complémentarité surprenante : « Ils se ressemblent bien plus qu’on ne le pense. Elle est aussi discrète qu’il est bruyant et pourtant, sur de nombreux points, ils sont très semblables. Tous deux sont obsédés par leur image, se méfient des gens autour d’eux et partagent un goût certain pour le luxe. »

Ces différences de personnalité et de comportement - du moins en public - ont donné naissance au mouvement #FreeMelania, et ce dès la prise de fonction de son mari en janvier 2017. Le grand public s’inquiète pour Melania. Est-elle heureuse ? Est-elle dans cette relation de son plein gré ? Est-elle prisonnière de son propre mariage ? La journaliste affirme que cette perception est erronée : « Ce mouvement et cette interprétation énervent profondément Melania. Elle ne veut surtout pas qu’on la prenne pour une petite fleur fragile. C’est une femme heureuse et épanouie. » Melania Trump ne veut donc pas que les gens pensent qu’elle est en prison : « Je prends mes propres décisions. Je suis indépendante ! » a-t-elle répété ces derniers jours lors d’une interview à la chaîne Fox News, elle qui n’en accorde pourtant presque jamais.

« Loin d’être passive ou manipulée »

Alors, qui est cette « drôle de dame » qui semble bien souvent si détachée de son conjoint lors de ses apparitions publiques ? « Contrairement à ce que l’on a cru, Melania est loin d’être passive ou manipulée. Bien au contraire, elle est décrite par ses proches comme intelligente, maligne et débrouillarde. » explique Mary Jordan.

« Melania ne peut pas être ignorée ; elle joue un rôle bien plus important que ce que l’on veut croire », précise la journaliste, qui a enquêté sur elle pendant des années. Malgré les révélations sur la star du X Stormy Daniels * ou encore sur l’ancienne petite amie de son mari Karen McDougal **, elle continue de soutenir Donald Trump quoi qu’il arrive. Leurs destins semblent donc profondément liés. Melania a fait le choix de rester, et elle le fait en toute connaissance de cause. « Je ne l’ai jamais vue aussi unie et soutenante de son mari que ces dernières semaines. En même temps, son nom, c’est Trump. Le nom de son fils aussi. Elle aime sa vie », ajoute Mary Jordan.

« Elle conseille son mari sur son apparence »

« Elle n’y connait pas grand-chose en matière de politiques économiques ou du deal avec l’Iran, mais Melania est bien plus impliquée dans les décisions qu’on ne le pense », poursuit la journaliste. « Le cercle des personnes en qui Donald Trump a confiance est de plus en plus restreint. Il soumet certaines décisions à Melania, qui partage son avis et son instinct. » Un instinct et un « radar » auxquels Donald Trump accorde beaucoup de valeur. Mais ce n’est pas tout.

« En tant qu’ancienne mannequin, Melania conseille aussi son mari sur son maquillage et sa posture », souligne l’autrice. « Les époux Trump partagent une obsession pour l’image… et un mépris pour la critique », note Mary Jordan, qui explique que l’ancienne Première dame lit absolument tout ce qui sort sur elle (coucou Melania, c’est 20 Minutes !) et son mari. « Même si elle n’est pas présente aux meetings de campagne, elle regarde, elle voit tout. Les conseillers de Donald Trump ont expliqué qu’ils étaient dans la voiture avec Trump et qu’après un meeting, il l’appelait pour lui demander ce qu’elle en pensait. Elle lui disait " cette partie est mieux que l’autre. Peut-être que tu ne devrais pas faire ceci ou cela." Donc, Melania le suit de près. »

« Dans une élection serrée, chaque geste compte »

La journaliste du Washington Post note que « pendant la campagne de 2016, Melania est restée à l’abri des caméras jusqu’à quelques semaines avant la fin, lorsqu’elle a été déployée pour rallier les femmes autour de son mari. » Rebelote en 2024 ? La sortie ce mardi de son livre autobiographique, sobrement intitulé Melania, pourrait suivre la même stratégie. Un ouvrage dont la publication arrive un mois avant le scrutin présidentiel et qui suscite déjà beaucoup d’attention. Mary Jordan souligne que cette publication s’inscrit dans une « stratégie de marketing soigneusement orchestrée » plutôt que dans une volonté de Melania de se dissocier de son mari. Dans la même interview accordée à Fox News, Melania déclarait : « Il était temps que je raconte mon histoire, il y a beaucoup de désinformation à mon sujet, je veux partager ma vérité. » Ce livre, en tête des préventes partout aux Etats-Unis avant même sa sortie, promet des révélations. Notamment sur l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021, vécu depuis la Maison Blanche par Melania, ou encore sur son premier date avec Donald Trump au début des années 2000.

Selon le Guardian, Melania Trump y affimerait aussi son soutien au droit à l'avortement, une déclaration surprenante sur un sujet pour le moins brûlant de la campagne. Elle y affirme que la décision d'interrompre une grossesse doit revenir exclusivement à la femme concernée, et insiste sur le droit fondamental à la liberté individuelle. Selon elle, les femmes doivent être libres de toute intervention gouvernementale dans ce choix intime. Dans une vidéo publiée sur X (ex-Twitter), Melania Trump explique avoir toujours soutenu ce principe. Une divergence d'opinion d'autant plus notable que l'ancien président s'est souvent félicité d'avoir permis l'annulation de Roe v. Wade en 2022, une jurisprudence protégeant l'avortement à l'échelle nationale. Pour Mary Jordan, cette prise de parole publique peut changer la donne auprès des femmes. « En 2016, l’élection que Trump a gagnée contre Hillary a été extrêmement serrée. Et dans une élection serrée, chaque geste compte. »