Présidentielle américaine 2024 : Qui est Nikki Haley, dernier obstacle de Trump vers l’investiture républicaine ?
ETATS-UNIS•Alors que la victoire semble promise à Donald Trump, Nikki Haley espère faire un peu plus que de la figuration dans la course à l’investiture républicaine20 Minutes avec AFP
L'essentiel
- Après le ralliement à Donald Trump de Ron DeSantis, Nikki Haley est la seule qui peut encore prétendre ravir à l’ancien président l’investiture républicaine pour la présidentielle de novembre.
- Nommée en 2017 ambassadrice aux Nations unies par Donald Trump, un poste qu’elle occupa deux ans, elle a néanmoins peu de chances au regard du score écrasant de l’ex-président au caucus de l’Iowa (autour de 51 %).
- Seule femme en lice et nouvelle coqueluche de la droite américaine, elle décline un argumentaire conservateur très classique avec toutefois un discours plus modéré que ses rivaux sur le droit à l’avortement.
[EDIT du 4 mars 2024] : Nikki Haley, l'unique concurrente de Donald Trump aux primaires républicaines, a remporté dimanche la primaire à Washington et décroché sa première victoire dans la course à l'investiture. L'ancienne ambassadrice de l'ONU sous l'administration Trump (2017-2021) a obtenu 63% des voix lors de cette primaire. A cette occasion, la rédaction de 20 Minutes vous propose à la relecture le portrait de Nikki Haley, alors que mardi s'annonce comme la journée de la dernière chance pour la seule rivale encore en lice de Donald Trump.
Elle espère toujours créer ce qui serait une très grosse surprise dans la course vers la Maison-Blanche. Pendant deux ans, elle a porté la voix de Donald Trump sur la scène internationale. Aujourd’hui, Nikki Haley apparaît comme l’ultime obstacle se dressant encore entre l’ex-président et l’investiture républicaine pour la présidentielle de novembre.
Après le ralliement dimanche à Donald Trump du gouverneur de Floride, Ron DeSantis, lointain deuxième au caucus de l’Iowa qui a ouvert les primaires républicaines le 15 janvier, seule Nikki Haley, arrivée troisième, peut en effet encore lui contester une victoire écrasante dans le New Hampshire.
Une « mondialiste », selon Trump
Pour tenter de l’emporter, cette ancienne gouverneure de Caroline du Sud, seule femme en lice et nouvelle coqueluche de la droite américaine, décline un argumentaire conservateur très classique, sur un Etat fédéral jugé hypertrophié, une dette et des impôts trop lourds et un système d’immigration taxé de laxisme. Elle prône un relèvement de l’âge de la retraite pour les nouveaux arrivants sur le marché du travail afin de sauver de la faillite les systèmes de sécurité sociale et d’assurance-maladie.
Donald Trump la traite à l’envi de « mondialiste ». « Elle aime le monde, moi j’aime l’Amérique d’abord », a-t-il ainsi lancé lors d’un meeting dans l’Iowa. Il l’accuse pêle-mêle de vouloir « augmenter les impôts, saigner la Sécurité sociale » ou même « ouvrir les frontières », sans préciser sur quel fondement.
Des programmes assez similaires
Mais, en réalité, leurs programmes ne se différencient guère, sauf sur l’Ukraine, que Nikki Haley veut continuer à soutenir massivement, alors que Donald Trump se targue de pouvoir jouer les médiateurs entre Kiev et Moscou. La bataille se joue donc essentiellement sur une question de style, et de génération.
Après avoir longtemps ménagé celui qui l’a nommée en 2017 au prestigieux poste d’ambassadrice aux Nations unies malgré son absence d’expérience internationale, Nikki Haley retient de moins en moins ses coups. « Que ce soit mérité ou non, le chaos le suit », répète-t-elle ces dernières semaines, dans une possible allusion aux multiples inculpations de Donald Trump. « Nous ne survivrons pas à quatre ans de chaos supplémentaires », martèle Nikki Haley, 52 ans, renvoyant dos à dos le président démocrate sortant Joe Biden, 81 ans, et son ancien patron, 77 ans.
La candidate appelle à « élire un dirigeant d’une nouvelle génération et laisser derrière nous la négativité et le passif ». Elle a d’ailleurs intensifié ses critiques ce week-end, s’interrogeant publiquement sur une possible altération due à l’âge des « capacités mentales » de Donald Trump. Lui-même la traite depuis des mois de « cervelle de moineau ». Il ne lui pardonne apparemment pas ce crime de lèse-majesté d’être revenue sur sa promesse de ne pas se présenter contre lui s’il était candidat en 2024.
Une entrée en politique en 2004
Nikki Haley assure voir dans ces attaques un signe de sa dynamique ascendante dans les sondages, portée par ses prestations remarquées lors des débats entre candidats républicains, auxquels Donald Trump n’a pas daigné participer. Elle s’y est notamment distinguée par un discours plus modéré que ses rivaux sur le droit à l’avortement. La question vaut à son parti une série de déconvenues électorales depuis l’annulation par la Cour suprême de la protection constitutionnelle du droit à l’IVG dans le pays. Elle se déclare favorable à un « consensus national » sur le sujet, à la fois pour prohiber les « avortements tardifs » mais aussi pour s’opposer aux peines de prison en cas d’avortement dans les Etats qui l’interdisent.
Née Nimarata Nikki Randhawa, elle est la fille d’un couple d’immigrés indiens de religion sikh. Mère de deux enfants, elle est mariée à un officier de la Garde nationale, actuellement déployé à Djibouti. Elle entre sur la scène politique avec son élection en 2004 au parlement de son Etat natal de Caroline du Sud, puis accède à la notoriété nationale en 2010 lors de sa campagne pour devenir gouverneure.
NOTRE DOSSIER SUR LA PRESIDENTIELLE AMERICAINEUne fois élue, Nikki Haley maintient le cap à droite, affichant son hostilité aux syndicats et aux impôts, ainsi qu’au mariage homosexuel, ou en se montrant réticente à l’accueil de réfugiés syriens dans son Etat. Le 17 juin 2015, un suprémaciste blanc entre dans une église de Charleston et tue neuf fidèles afro-américains. Après s’y être longtemps refusée, elle ordonne alors de retirer du Parlement de Caroline du Sud le drapeau confédéré, symbole du passé esclavagiste de cet Etat. Elle saura dans quelques mois si ses différentes positions lui auront permis de réaliser son objectif : être la première femme à prendre possession pour quatre ans du bureau ovale de la Maison-Blanche.
À lire aussi