Egypte: Que sait-on du double attentat contre des églises coptes?
EGYPTE•Les deux attaques à la bombe ont été revendiquées par Daesh...
M.C.
Retour de l’état d’urgence en Egypte. Après les deux attentats revendiqués par Daesh contre des églises coptes, qui ont fait 44 morts, le président Abdel Fattah al-Sissi a annoncé dimanche soir la mesure, sous réserve de l’approbation du Parlement.
« Il y a une série de procédures qui vont être prises, en premier lieu l’état d’urgence pendant trois mois », a annoncé le dirigeant égyptien, le visage grave, précisant que la mesure avait été prise pour « protéger » et « préserver » le pays. 20 Minutes fait le point sur les événements dramatiques de dimanche et leurs conséquences.
L’Egypte a déjà vécu trente ans sous l’état d’urgence
L’Etat d’urgence élargit considérablement les pouvoirs de la police en matière d’arrestation, de surveillance, et peut imposer des restrictions à la liberté de mouvement. La situation n’est pas nouvelle dans le pays, placé trente ans durant sous état d’urgence, qui n’a été annulé qu’un mois avant l’arrivée au pouvoir du président islamiste Mohamed Morsi, en 2012. Son abrogation était l’une des demandes principales des militants qui ont mené la révolte de 2011 contre Hosni Moubarak.
Après la destitution de Mohamed Morsi à l’été 2013, l’état d’urgence a de nouveau été décrété, alors que les forces de sécurité réprimaient dans le sang les partisans islamistes de l’ancien président, et que des églises et propriétés chrétiennes étaient attaquées.
Les fidèles critiquent des mesures trop tardives
Dimanche, les Coptes orthodoxes d’Egypte, communauté chrétienne la plus nombreuse du Moyen-Orient et l’une des plus anciennes, ont de nouveau été frappés. Une première attaque perpétrée dans la matinée à Tanta, une grande ville située à une centaine de kilomètres du Caire, dans le delta du Nil, en pleine célébration des Rameaux dans l’église Mar Girgis (Saint-George), a fait 27 morts et 78 blessés, selon le ministère de la Santé.
En début d’après-midi, un kamikaze « équipé d’une ceinture explosive » s’est fait exploser à l’entrée de l’église Saint-Marc d’Alexandrie, la grande ville du nord du pays, où se trouvait le pape copte orthodoxe Tawadros II à l’occasion de la fête des Rameaux. L’attentat a fait 17 morts, dont quatre policiers, et 48 blessés. L’Eglise copte a rapidement précisé que son chef n’avait pas été atteint, et qu’il se « porte bien ».
Devant le cordon de sécurité établi par la police, des fidèles ont crié leur colère : « maintenant vous fermez la rue, à quoi ça sert maintenant ? Vous auriez dû le faire avant l’explosion », a lancé une femme copte aux policiers à Alexandrie.
L’ONU dénonce la « lâcheté » des auteurs des attentats
Ces attentats interviennent 19 jours avant une visite en Egypte du pape catholique François, prévue les 28 et 29 avril. « J’exprime mes profondes condoléances à mon cher frère, sa sainteté le pape Tawadros II, à l’Eglise copte et à toute la chère nation égyptienne. Je prie pour les défunts et les blessés », a réagi le pontife argentin.
Le président américain Donald Trump a condamné l’attentat sur son compte Twitter, se disant « confiant dans la capacité du président (Abdel Fattah al-Sissi) à gérer la situation comme il se doit ». Al-Azhar, prestigieuse institution de l’islam sunnite basée au Caire, a de son côté condamné « un attentat terroriste lâche ».
aLes 15 membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont qualifié de « lâches », les attentats, affirmant que « le terrorisme sous toutes ses formes constitue l’une des plus sérieuses menaces à la paix et à la sécurité internationales ».
Abdel Fattah al-Sissi a également demandé dimanche à l’armée de déployer des forces pour aider la police à protéger les « infrastructures vitales » du pays. Parallèlement, le ministre de l’Intérieur Magdy Abdel Ghaffar a annoncé le remplacement du chef de la sécurité de la province de Gharbeya, où se trouve la ville de Tanta.