Les causes de la disparition du vol MS804 de la compagnie EgyptAir dans la nuit de mercredi à ce jeudi entre Paris et Le Caire restent ce matin mystérieuses. Si d’après Manuel Valls, aucune thèse « ne peut être écartée » pour expliquer le crash, comme il l’a affirmé sur RTL, ce n’est pas l’avis de Bertrand Vilmer, pilote et expert aéronautique ( cabinet Icare).

Aucun message de détresse provenant du MS804 n’a été détecté pour le moment, que peut-on en déduire ?

Dans l’état actuel des informations, on sait qu’aucun appel détresse de la part de l’équipage n’a été émis et qu’aucune émission du transpondeur, qui envoie un signal radar caractéristique d’un avion en détresse, n’a été relevée. Cela signifie donc que l’équipage n’a pas eu le temps d’en émettre. L’émission du transpondeur est automatique en cas de choc. On peut donc exclure la collision en vol qui aurait provoqué le crash.

Les conditions météo étaient bonnes, et l’avion, un Airbus A320 semblait en bon état…

On peut à nouveau exclure certains scénarios avec ces informations. Le temps n’a joué aucun rôle dans la disparition de l’avion. De même, cet A320 a 13 ans, ce qui est un âge tout à fait normal pour un avion de ligne. Et quand bien même l’engin aurait eu dix ans de plus, à partir du moment où il respecte le plan de maintenance, il n’y a aucun problème.

Que dire de l’expérience des pilotes ?

Ils ont respectivement 6.275 heures et 2.101 heures de vol, ce qui constitue des expériences tout à fait correctes pour des pilotes de ligne. Ce qui est étonnant, ce n’est pas l’expérience des pilotes, mais le fait que l’avion volait à 11.000 mètres d’altitude au moment de sa disparition. Le temps de descente à cette hauteur-là est d’environ 4 minutes. On a largement le temps de passer un appel radio de détresse en 4 minutes. Il est impossible qu’un avion tombe sans que les pilotes ne disent rien. Je pense donc que l’avion s’est désintégré en plein vol.

Après avoir exclu ces premières pistes, quelles hypothèses sérieuses peut-on envisager ?

Si on admet que la disparition de l’avion a été soudaine et non précédée d’appel d’urgence, il reste deux thèses sérieuses. Celle de l’attentat avec une bombe à bord ou bien la destruction par un missile Sol Air. Si l’hypothèse de l’engin explosif à bord se confirme, la question de la sécurité à l’aéroport de Roissy va clairement se poser, puisque l’avion est parti de là-bas. Ensuite, il reste l’hypothèse de la panne, mais cette théorie me semble très peu probable. Un avion ne tombe pas sur une simple panne, en se désintégrant. Il peut tomber à la suite d’un enchaînement de pannes.