En images : Au Haut-Karabakh, l’exode de la population arménienne
CONFLIT•Plus de 100.000 réfugiés ont fui en Arménie par crainte de représailles de l’Azerbaïdjan rappelant des heures sombres de l’histoireO.J. avec AFP
Une mission de l’ONU est arrivée dimanche au Nagorny Karabakh, pour la première fois en trois décennies, a annoncé l’Azerbaïdjan au moment où la majorité de la population arménienne locale a quitté l’enclave après sa reprise par Bakou. La république séparatiste du Nagorny Karabakh est presque entièrement désertée par ses habitants après la victoire éclair de Bakou, avec plus de 100.000 réfugiés ayant fui en Arménie par crainte de représailles des Azerbaïdjanais. La France a déploré samedi que l’Azerbaïdjan n’ait consenti à une mission des Nations Unies au Nagorny Karabakh qu’après l’exode de la population. Des images de civils sur les routes qui rappellent les périodes sombres de l’histoire.
Réalisation : Olivier JUSZCZAK
Mardi 19 septembre, l’Azerbaïdjan annonce avoir lancé des « opérations antiterroristes » visant les forces arméniennes au Nagorny Karabakh, région que se disputent Arméniens et Azerbaïdjanais.
Les combats font au moins 27 morts, dont deux civils, et plus de 200 blessés dans cette région où environ 7.000 habitants de 16 localités ont été évacués, selon les séparatistes dans un premier bilan. De son côté, l’Azerbaïdjan signale la disparition de deux civils.
Par conséquent, l’Azerbaïdjan lance une offensive militaire au Nagorny-Karabakh, trois ans après la précédente guerre, demandant la reddition de son adversaire arménien dans cette région disputée depuis des décennies avec l’Arménie.
Les tensions sont vives depuis plusieurs semaines, l’Arménie accusant l’Azerbaïdjan d’avoir causé une crise humanitaire au Nagorny Karabakh en bloquant en 2022 le corridor de Latchine, l’unique route qui la relie directement au territoire sécessionniste.
Cette offensive a le soutien de la Turquie et de son président Recep Tayyip Erdogan. Un pays allié historique de l’Azerbaïdjan.
Les séparatistes arméniens du Nagorny Karabakh annoncent mercredi qu’ils déposent les armes dans le cadre d’une trêve négociée avec l’Azerbaïdjan. Un texte dont l’Arménie ne participe pas à la rédaction.
La cheffe de la diplomatie française se montre prudente sur le cessez-le-feu annoncé par Bakou et s’inquiète d’un exode possible des Arméniens, majoritaires dans cette enclave.
Dans un nouveau bilan, « on dénombre au moins 200 morts et plus de 400 blessés » affirme sur les réseaux sociaux le défenseur des droits du Nagorny Karabakh, Gegham Stepanian, le 20 septembre.
L’Arménie qualifie jeudi de « crime contre l’humanité » l’opération militaire lancée par l’Azerbaïdjan dans le territoire du Nagorny Karabakh, assurant devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU qu’un « nettoyage ethnique » est « en cours ».
Le 22 septembre, les soldats azerbaïdjanais encerclent Stepanakert où la population « se terre dans les caves », craignant des « massacres », selon une porte-parole à Erevan des autorités locales.
Dimanche, un premier groupe de réfugiés fuyant le Nagorny Karabakh entre en Arménie, constate une équipe de l’AFP à la frontière avec cette région majoritairement peuplée d’Arméniens.
Quelques dizaines d’habitants de ce territoire, principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées, arrivent au centre d’accueil mis en place par le gouvernement arménien à Kornidzor.
Fuyant la prise de contrôle inéluctable du Nagorny Karabakh par l’armée azerbaïdjanaise, des milliers d’habitants prennent la route de l’Arménie, où l’accueil se met en place.
Devant le théâtre de Goris, dans la région arménienne de Syunik, des minibus blancs arrivent sans cesse, d’autres repartent, leurs maigres coffres chargés de bagages en direction d’Erevan et des grandes villes du pays.
Beaucoup disent avoir mis 24 heures à faire les 80 kilomètres séparant la « capitale » séparatiste, Stepanakert, de la frontière.
Un trajet effectué sans nourriture et parfois sans eau : le Nagorny Karabakh, soumis au blocus de l’Azerbaïdjan depuis des mois, manque de tout. Avant de tout abandonner dans leur exode vers l’Arménie, les habitants terrorisés du Nagorny Karabakh brûlent leurs uniformes, leurs photos de famille et même leurs livres pour éviter qu’ils tombent aux mains des Azerbaïdjanais.
La république séparatiste autoproclamée du Nagorny Karabakh annonce jeudi son auto-dissolution et celle de toutes ses institutions à partir du 1er janvier 2024. Aujourd’hui, le territoire est presque entièrement déserté par ses habitants. D’après les chiffres officiels, environ 120.000 Arméniens vivaient dans l’enclave avant l’annonce de sa spectaculaire dissolution.