Daesh: Jinan, esclave sexuelle, témoigne de sa détention en Irak
SOCIETE•Son livre « Moi, Jinan, Esclave de Daesh » paraît ce vendredi...20 Minutes avec agence
Son livre Esclave de Daesh ne sort que vendredi mais déjà Jinan est l’invitée de toutes les télés, de toutes les radios et témoigne à visage découvert. Jeune yézidie de 18 ans, elle a vécu 11 semaines de calvaire entre les mains de Daesh. Son tort, aux yeux des djihadistes islamistes : être kurde de religion yézidie.
Originaire d’une communauté visée par les troupes de l’organisation de l’Etat islamique, c’est en fuyant les combats que Jinan a été capturée par les hommes du groupe terroriste en août 2014 dans le nord de l’Irak, au pied du mont Sinjar où se trouvait son village. Elle allait alors devenir « une esclave », comme le souligne le titre du récit coécrit avec Thierry Oberlé, du Figaro.
Vendue pour l’équivalent de 8 dollars américains
Onze semaines durant, Jinan va alors subir les caprices des combattants djihadistes. Après avoir enchaîné les lieux de détention, dont une prison à Mossoul, elle est finalement vendue pour l’équivalent de 8 dollars américains à un imam et un ancien policier.
La jeune femme de 18 ans doit ainsi se plier au travail imposé par les deux hommes, aux côtés d’autres femmes également capturées. « Ils nous torturaient, voulaient nous convertir de force. Si nous refusions, nous étions frappées, enchaînées dehors en plein soleil, forcées à boire de l’eau dans laquelle baignaient des souris mortes. Parfois, ils nous menaçaient de nous torturer à l’électricité », dit-elle. « Ces hommes, ce ne sont pas des humains. Ils ne pensent qu’à la mort, à tuer. Ils prennent sans arrêt des drogues. Ils veulent se venger de tout le monde. Ils affirment qu’un jour leur État islamique régnera sur le monde entier », confie encore aujourd’hui Jinan.
Elle espère voir les Yézidis obtenir une protection internationale
Dans son livre, la jeune femme évoque aussi la torture sexuelle subie par les femmes esclaves de Daesh. Un « marché » se tenait même à Mossoul. « Des dizaines de femmes y sont rassemblées. Des combattants circulent parmi nous. Ils plaisantent d’un rire gras, pincent les fesses (…). "Je veux une yézidie aux yeux bleus. Avec un teint pâle. Ce sont les meilleures, à ce qu’il paraît. Je suis prêt à mettre le prix qu’il faudra". »
Profitant de la fatigue de ses « maîtres » revenant du front, Jinan parviendra à fuir son lieu de captivité en pleine nuit, en compagnie de cinq autres femmes. Jinan vit aujourd’hui avec son mari dans un camp de réfugiés yézidis au Kurdistan irakien espère désormais voir sa communauté obtenir une protection internationale.