Qu’est-ce que cette histoire d’adoptions illégales mise au jour en Danemark ?

Danemark : C’est quoi cette histoire d’enfants volés, échangés ou séparés ?

DramesCopenhague a suspendu toutes les adoptions internationales, alors que le pays est accusé d’avoir fermé les yeux sur des milliers d’adoptions internationales illégales
20 Minutes avec AFP

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L'essentiel

  • En Corée du Sud, une « Commission pour la vérité » a été créée pour examiner les adoptions supposées illégales.
  • A plus de 10.000 kilomètres de là, au Danemark, un rapport a montré que de nombreuses adoptions d’enfants venant de Corée du Sud étaient illégales.
  • Le Danemark a depuis interdit toute adoption internationale.

En début d’année 2024, un rapport a secoué le Danemark. Il montre que les agences d’adoption du pays savaient que leurs partenaires sud-coréens changeaient parfois l’identité des enfants adoptés dans les années 1970 et 1980. Toutes les adoptions internationales ont été suspendues dans le pays.

Mais de quoi s’agit-il ? 20 Minutes fait le point pour vous.

D’où part ce scandale ?

Le scandale a émergé à plus de 10.000 kilomètres. La « Commission pour la vérité » a été créée en Corée du Sud pour examiner les adoptions supposées illégales.

Depuis, 334 dossiers ont été déposés devant l’instance, en fonction entre 2006 et 2010 et depuis 2020. Son mandat a été prolongé jusqu’en 2025 pour examiner les irrégularités liées aux adoptions internationales.

En quoi le Danemark est-il concerné ?

Depuis les années 1950, plus de 250.000 Coréens ont été adoptés à l’étranger, dont 9.000 par des Danois. Un rapport de l’agence de surveillance des Affaires sociales danoise, publié début 2024, montre que les agences d’adoption, exerçant sous le contrôle de l’Etat, savaient que leurs partenaires sud-coréens pouvaient changer l’identité des enfants dans les années 1970 et 1980.

Selon des enquêtes journalistiques, quelque 54 millions de couronnes (7,2 millions d’euros) ont été versées pour faciliter les adoptions. L’association DKRG (Danish Korean Right Group) évoque des centaines de dossiers contenant des documents falsifiés, des dates inventées ou témoignant d’enfants arrivés au Danemark six centimètres plus petits que lors de leur départ de Corée.

En parallèle, le Danemark a suspendu toutes les adoptions internationales mi-janvier. La seule agence en opération a mis la clef sous la porte, à la suite de révélations sur l’existence de contreparties financières ou de consentement frauduleusement acquis, non seulement en Corée du Sud, mais aussi en Inde, à Madagascar ou en Afrique du Sud. Des frères et sœurs auraient aussi été séparés et adoptés, parfois dans des pays différents.

Que va-t-il se passer à présent au Danemark ?

La ministre des Affaires sociales, Pernille Rosenkrantz-Theil, a promis une enquête sur l’histoire des procédures d’adoptions internationales. Sur Facebook, en janvier, elle a motivé l’arrêt des adoptions par le « risque trop élevé de trafic d’êtres humains ou de vol d’enfants ».

De nombreuses personnes réclament la création d’une commission indépendante, légalement contraignante pour établir les responsabilités. Cette demande, partagée par des groupes d’adoptés et de parents adoptifs de différents pays, est soutenue par l’Institut danois des droits humains. D’après la responsable juridique de l’ONG, il a été prouvé dans certains cas que « des lettres étaient envoyées par des parents qui ne savaient pas où se trouvaient leurs enfants » et que ces missives étaient « semble-t-il, en possession des autorités danoises ».

De quoi ébranler Copenhague qui fait face à la colère et au désespoir de milliers de personnes adoptées dans le pays, à la recherche de la vérité. Et le temps presse notamment pour ceux arrivés dans les années 1970 qui souhaitent retrouver leur famille biologique et risquent d’apprendre que leurs parents sont décédés.