BELGIQUEAffaire Dutroux: Début de psychose dans le village de Malonne

Affaire Dutroux: Début de psychose dans le village de Malonne

BELGIQUEL'arrivée de l'ex-femme de Marc Dutroux, Michelle Martin, trouble la paix d'un petit village...
Vincent Vantighem

Vincent Vantighem

De notre envoyé spécial à Malonne (Belgique)

C’est une petite rue en cul-de-sac qui mène les autorités belges droit dans une impasse. A Malonne, la route des Monastères est, depuis quelques semaines, le théâtre d’incessants va-et-vient. En fait, depuis que les onze sœurs du Couvent des Clarisses, au bout de la voie, ont accepté de recueillir Michelle Martin. Condamnée à trente ans de prison, l’ex-épouse et complice de Marc Dutroux a vu, mardi, sa libération conditionnelle validée par le Cour de cassation belge après avoir passé seize ans derrière les barreaux. Elle devrait donc sortir prochainement.

«Cette dame a fait tellement de mal. Et elle n'a jamais exprimé le moindre remord...»

Eventée depuis fin-juillet, la libération a d’abord suscité la colère des habitants de cette petite bourgade proche de Namur. L’épais mur d’enceinte du couvent a été couvert de tags, les sœurs ont reçu des menaces et la police fédérale a été appelée en renfort. «On ne comprend pas, assure Ginette qui tient une friterie à deux pas. Cette dame a fait tellement de mal. Et elle n’a jamais exprimé le moindre remord…» A 51 ans, Ginette a donc manifesté pour la première fois de sa vie avec les autres riverains. Des ballons blancs ont été lâchés. Les photos de Julie et Mélissa, mortes de faim et de soif dans la cave de leurs bourreaux à soixante kilomètres de là, ont été déposées devant le couvent. Sans effet. «C’est une décision de justice, réagit Paul, un voisin. Il faut l’accepter ou alors demander à ce que notre système change. Mais je suis l’un des seuls à penser ça...»

Avec cinq écoles primaires, Malonne est «un vrai garde manger pour pédophile»

Car, pour les autres, la colère s’est peu à peu muée en peur. Dans un communiqué, les sœurs Clarisses ont beau avoir assuré que Michelle Martin «a évolué et est capable d’envisager une réinsertion sans risque de récidive», personne n’y croit. «Il a fait très chaud ces derniers temps. Mais je préfère garder la fenêtre fermée. Je ne suis plus tranquille maintenant», avoue ainsi Priscilla, une jeune maman qui vit dans un foyer en face du couvent. Plus bas, dans la rue principale, Malonne aligne cinq écoles primaires. «Un vrai garde-manger pour pédophile», lâche Antoine. Institutrice dans un de ces établissements, Muriel, sa compagne, a organisé la première manifestation anti-Martin. «La psychose est en train de s’installer. A l’école, des parents d’élèves sont déjà venus nous voir pour exiger qu’on sécurise la grille d’entrée avec plusieurs verrous.» Libérée sous conditions, Michelle Martin ne devrait pourtant pas quitter le couvent. Selon son avocat, elle veut se consacrer à la préparation de colis humanitaires. «Mais elle ne restera pas enfermée éternellement, pense Marine, une étudiante. Et puis, les sœurs Clarisse ont 80 ans de moyenne d’âge. Si Michelle Martin s’enfuit, vous croyez qu’elles pourront la rattraper?»