Colombie: l'image de l'ex-président Uribe encore écornée par les aveux d'un proche
L'ex-président Alvaro Uribe se retrouve une nouvelle fois au centre d'une polémique en Colombie après les aveux de son ancien chef de la sécurité qui a reconnu avoir aidé et protégé des milices paramilitaires d'extrême droite sous son mandat.© 2012 AFP
L'ex-président Alvaro Uribe se retrouve une nouvelle fois au centre d'une polémique en Colombie après les aveux de son ancien chef de la sécurité qui a reconnu avoir aidé et protégé des milices paramilitaires d'extrême droite sous son mandat.
M. Uribe, remplacé à la tête de la Colombie en 2010 par son ex-ministre de la Défense Juan Manuel Santos après deux mandats de quatre ans, est resté très populaire pour sa politique de fermeté à l'égard de la guérilla.
Son gouvernement a toutefois été très critiqué pour les violations des droits de l'homme attribuées à l'armée, accusée de milliers d'exécutions extrajudiciaires, mais surtout pour les liens entretenus entre sa majorité et les milices paramilitaires d'extrême droite, dissoutes entre 2003 et 2006.
Lundi, Mauricio Santoyo, un général de la police à la retraite chargé de la protection de M. Uribe de 2002 à 2006, a reconnu avoir aidé et protégé entre 2001 et 2008 les Autodéfenses Unies de Colombie (AUC), de puissantes milices d'extrême droite.
Ces aveux viennent allonger la liste déjà bien remplie des ex-collaborateurs ou alliés politiques de M. Uribe mouillés dans des scandales de complicité avec les paramilitaires.
Après cette annonce, l'ex-président a multiplié déclarations et tweets pour jouer la carte de la bonne foi et éviter d'être éclaboussé par cette nouvelle affaire.
"J'espère que le général Santoyo dira au juge s'il a perçu un mauvais exemple, ou même une insinuation déplacée de la part de ses supérieurs, de ministres ou de moi-même", a écrit M. Uribe sur son compte Twitter.
Mais pour le parlementaire de l'opposition de gauche Ivan Cepeda, cette nouvelle révélation rend "indiscutable (le fait que) tout l'entourage d'Uribe était lié aux paramilitaires".
"A ce niveau de responsabilité, il est très difficile de croire qu'(Uribe) était une sorte de passant distrait au palais du gouvernement", assure M. Cepeda à l'AFP.
Le député rappelle également les cas de Jorge Noguera, l'ex-directeur des services de renseignements (DAS, aujourd'hui dissous) condamné pour homicide et complicité avec les paramilitaires, et de Mario Uribe, ex-président du Sénat et cousin d'Alvaro Uribe, condamné pour ses liens avec les milices d'extrême-droite.
Toujours pas inquiété malgré une litanie d'affaires
Toutefois, les observateurs estiment que l'ex-président devrait une nouvelle fois être épargné par la justice.
"Il ne semble pas qu'il soit (directement) touché dans un avenir proche. Il bénéficie d'une très grande sympathie dans la société et cela le protège. Il existe également de nombreuses personnes qui lui doivent des faveurs, des complicités qui le protègent", estime notamment le politologue Fernando Giraldo, de l'Université Javeriana de Bogota.
En outre, selon lui, le nombre de personnes et de secteurs qui se sont rendus complices des paramilitaires est tel que personne n'a intérêt à ce que la boite de Pandore soit ouverte.
Les milices d'extrême droite ont pris leur essor dans les années 1980, officiellement pour défendre les propriétaires terriens contre les guérillas de gauche. Elles ont peu à peu dominé des pans entiers du territoire colombien avec la complicité de l'armée et assassiné des milliers de civils.
A ce jour, une vingtaine de responsables politiques ont été condamnés pour leurs liens avec les milices, et une centaine d'autres font actuellement l'objet d'une enquête.
Si ce n'est l'affaire des liens avec les paramilitaires, c'est peut-être un autre dossier qui pourrait inquiéter M. Uribe dans les mois à venir.
Deux de ses anciens proches collaborateurs, Maria del Pilar Hurtado, ex-chef des services secrets réfugiée au Panama, et l'ancien secrétaire de la présidence Bernardo Moreno sont poursuivis pour des écoutes illégales menées par les DAS contre des magistrats de la Cour suprême, des membres de l'opposition et des journalistes sous son gouvernement.
Une chambre d'accusation du Congrès enquête d'ailleurs depuis 2010 sur une éventuelle responsabilité dans cette affaire d'Alvaro Uribe lui-même, qui dément toute implication.