A Hong Kong, les pratiques singulières de la police avec les prostituées

A Hong Kong, les pratiques singulières de la police avec les prostituées

Sous le joug des proxénètes, à la merci de clients indélicats: ...
© 2012 AFP

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Sous le joug des proxénètes, à la merci de clients indélicats: à Hong Kong, les prostituées connaissent les affres ordinaires de la profession mais elles doivent aussi supporter des policiers autorisés à des rapports sexuels pour les besoins d'une enquête.


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Les prostituées de Chine continentale entrées sur le territoire autonome de Hong Kong sans visa de travail sont les plus vulnérables, explique l'une d'elle, âgée de 25 ans, rencontrée dans un bordel de la ville.

"Les policiers craignent les filles de Hong Kong parce qu'elles peuvent porter plainte mais ils ne craignent pas les Chinoises. Si les Chinoises portent plainte, elles sont arrêtées", affirme-t-elle.

Les arrestations de prostituées chinoises (3.752 en 2011) ont quadruplé depuis la rétrocession de l'ancienne colonie britannique à la Chine en 1997.

A Hong Kong, le racollage et le proxénétisme sont interdits mais la prostitution est légale. Elle s'exerce dans des immeubles divisés en petites chambres, salons de massage agréés, bars et clubs de strip-tease.

Le secteur est notoirement contrôlé par les triades, la mafia locale.

Les tarifs vont de 300 dollars de Hong Kong (30 euros) pour les Chinoises en situation précaire, à 1.800 dollars pour les "hôtesses" philippines ou thaïlandaises de Wan Chai, un "quartier chaud" de la ville.

Afin de débusquer les prostituées ou les salons clandestins, la police effectue des descentes inopinées ou missionne des enquêteurs qui se font passer pour des clients... avec la permission de recevoir des prestations sexuelles "limitées" qui vont jusqu'à la masturbation, une disposition légale qui indigne les associations.

"La police, les mauvais clients et les mauvais patrons, ce sont eux qui se comportent illégalement, mais la justice punit surtout les prostituées immigrées", s'emporte Betty Shao, responsable d'une organisation de défense des droits des travailleuses du sexe.

Sur les six premiers mois de l'année, elle a recueilli 203 plaintes visant des policiers, un doublement par rapport aux semestre précédent.

Parmi ces plaintes, 32 accusent des policiers d'avoir reçu des services sexuels gratuitement, huit d'attentat à la pudeur. Elles font également état d'arrestations arbitraires et de pressions pour établir des faux témoignages.

"Une conduite irréprochable"

La police affirme de son côté "attacher une grande importance à la conduite irréprochable" de ses agents.

"Les policiers ont des consignes strictes pour la conduite des opérations secrètes" et celles-ci sont réalisées sous la supervision d'un officier supérieur qui "s'assure que les services sexuels limités autorisés sont indispensables", précise la direction de la police hongkongaise dans un communiqué.

Pour Simon Young, juriste à l'université de Hong Kong, ces consignes posent indubitablement "des questions de droit, et plus encore des questions d'éthique".

"On entend des histoires de policiers qui vont voir une prostituée une fois, deux fois et plus, au prétexte de rassembler des preuves. On se demande s'ils n'abusent tout simplement pas de leurs prérogatives", avance-t-il.

JoJo, une jeune femme de 35 ans originaire du sud-ouest de la Chine, a été condamnée pour prostitution dissimulée après la perquisition de son salon de massage en mars.

Elle affirme ne dispenser que des massages de pied et a fait appel. Elle accuse un fonctionnaire de police de l'avoir emmené dans une pièce et de lui avoir caressé la poitrine.

Au poste de police où elle entendait porter plainte, les policiers, soutient-elle, l'ont jetée à terre et frappée.

"Je pensais que ce genre de policiers n'existait qu'en Chine continentale. Je n'aurais jamais pensé que Hong Kong, une ville si ouverte sur le monde, avait aussi des policiers comme ça", dit-elle, en larmes.

Cet article est réalisé par Journal du Net et hébergé par 20 Minutes.