Fusillade d'Aurora: James Holmes va comparaître devant la justice
JUSTICE•Douze personnes sont mortes dans la fusillade...© 2012 AFP
James Holmes, le jeune Américain accusé d'avoir tué 12 personnes à la première de Batman, comparaît pour la première fois devant la justice lundi près de Denver (ouest des Etats-Unis), au lendemain de la visite du président Barack Obama dans la ville d'Aurora, où l'émotion est encore très vive.
En attendant d'être déféré à la justice à 08H30 (14H30 GMT) à Centennial (ouest), le suspect a été placé à l'isolement pour sa propre protection, a indiqué la police d'Aurora.
Obama ému
Dimanche, Barack Obama avait fait le déplacement dans la banlieue de Denver. Visiblement très ému après plus de deux heures passées en compagnie des familles, il a dit avoir «pu prendre dans ses bras plusieurs personnes et verser quelques larmes, mais aussi partager quelques rires avec elles», lorsque les familles ont évoqué le souvenir des «vies merveilleuses» de leurs proches.
«Je leur ai dit que les mots sont toujours trop faibles (...) mais que ma mission principale était de représenter le pays tout entier et de leur dire que nous pensions à eux», a ajouté le président américain.
Sans directement évoquer la question du contrôle des armes aux Etats-Unis, où la Constitution garantit le droit de s'armer, Barack Obama a déclaré aussi espérer que «dans les prochains jours, les prochaines semaines et les prochains mois, nous réfléchirons tous à ce que nous pouvons faire face à la violence insensée dont ce pays souffre».
Veillées à Aurora
Dans le même temps, plusieurs milliers d'habitants se sont rassemblés pour une nouvelle série de veillées aux abords du centre-ville, en mémoire des 12 morts et en soutien aux 58 blessés. Peu avant le début de la veillée, des policiers, des militaires et d'autres responsables se sont dirigés vers la scène, sous des tonnerres d'applaudissements. «Oui, nos coeurs sont brisés, mais notre communauté reste soudée», a lancé à la foule le maire d'Aurora, Steve Hogan.
Le gouverneur du Colorado, John Hickenlooper, a également reçu des applaudissements quand il a refusé de citer le nom de James Holmes, en évoquant simplement le «suspect A». Il a ensuite lu, un à un, les noms des 12 morts, ce à quoi la foule répondait à chaque fois: «Nous ne l'oublierons pas.»
Sept victimes toujours hospitalisées
La plupart des 12 morts étaient âgés d'une vingtaine ou d'une trentaine d'années, la plus âgée ayant 51 ans et la plus jeune six. La police a affirmé à plusieurs reprises que le tueur présumé semblait avoir préparé la fusillade depuis plusieurs mois. Le chef de la police d'Aurora, Dan Oates, a déclaré que James Holmes avait reçu chez lui un grand nombre de colis ces quatre derniers mois.
«Ce que nous voyons là est, à mon sens, la preuve qu'il y a eu préméditation et une réflexion de sa part», a-t-il poursuivi. L'ordinateur du suspect a également été retrouvé, après le déminage de son appartement, et Dan Oates a émis dimanche l'espoir de voir son examen de «fond en comble» déboucher sur une meilleure compréhension des mobiles de cet étudiant en neurologie de l'Université du Colorado, présenté comme un solitaire.
Un club de tir privé a également fait savoir que Holmes avait entamé, en vain, une procédure d'inscription quelques semaines avant la fusillade, ses papiers administratifs ayant éveillé des soupçons.
Le propriétaire du stand de tirs «Lead Valley», Glenn Rotkovitch, a assuré avoir téléphoné à James Holmes le 25 juin peu après avoir reçu son dossier d'inscription, et a dit avoir été accueilli par un message vocal «étrange et effrayant» sur son répondeur.
La chaîne CNN et le quotidien Los Angeles Times ont cité des sources policières évoquant la présence d'un masque de Batman et d'un poster parmi les effets personnels découverts dans l'appartement du suspect. Les services de police d'Aurora ont toutefois refusé de confirmer ou de démentir ces informations.
Selon Bob Snyder, chirurgien du centre médical d'Aurora, sept patients sont encore à l'hôpital, dont quatre en soins intensifs. De nombreux blessés vont souffrir de séquelles à long terme.
Barack Obama avait suspendu de facto sa campagne en vue de la présidentielle du 6 novembre après le drame. Son adversaire républicain Mitt Romney avait fait de même. Mais la campagne électorale devrait reprendre ses droits lundi. Barack Obama a quitté dimanche en début de soirée la région de Denver pour celle de San Francisco (Californie).
Il devrait entamer comme prévu lundi une tournée de trois jours qui le mènera aussi notamment à Seattle (Etat de Washington, nord-ouest) et en Louisiane (sud).