Chine: Un nouveau haut responsable du Parti communiste visé par une demande de démission
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Des vétérans du Parti communiste chinois ont annoncé ce mercredi avoir réclamé dans une lettre ouverte le limogeage d'un des hommes les plus puissants de Chine, Zhou Yongkang, responsable de la sécurité qui se retrouve dans l'oeil du cyclone après la récente chute de Bo Xilai.
L'appel des 16 vétérans du PCC au limogeage de Zhou, l'un des neuf membres du puissant comité permanent du Bureau politique du Parti communiste, est étroitement lié à la disgrâce en mars de Bo Xilai, ancien numéro un du parti à Chongqing aujourd'hui sous enquête, apparemment pour corruption.
Bo Xilai suspendu le mois dernier
Bo Xilai, qui espérait entrer au Comité permanent du Bureau politique à la faveur du Congrès du PCC à l'automne, a été suspendu le mois dernier du Politburo et du Comité central. Son épouse Gu Kalai est suspectée du meurtre d'un Britannique avec lequel elle et Bo avaient des relations d'affaires.
Ce scandale a provoqué le plus fort séisme politique en Chine depuis des décennies. Et la disgrâce de Bo, ex-«étoile montante» du PCC, avait été interprêtée par les analystes comme l'illustration des luttes féroces au sommet à quelques mois du congrès qui verra arriver, pour dix ans, une nouvelle génération de dirigeants.
Les batailles sont apparemment rudes entre les néoconservateurs tels Zhou Yongkang et la faction favorable à des réformes politiques avec l'instauration de l'Etat de droit en Chine. Zhao Zhengrong - un responsable anticorruption à la retraite de la ville de Zhaotong, dans la province du Yunnan - a annoncé à l'AFP qu'il avait, avec 15 autres membres du Parti, tous du Yunnan, demandé dans une lettre ouverte aux dirigeants du PCC le limogeage de Zhou Yongkang.
Un geste très audacieux en Chine
La lettre ouverte représente un geste très audacieux en Chine où toute critique du régime est généralement sévèrement sanctionnée. Deux autres signataires ont confirmé l'existence de cette lettre à l'AFP. «Nous exigeons cela parce que Zhou Yongkang a inspiré le 'modèle de Chongqing' et a soutenu Bo Xilai. Ce sont des menteurs, ils sont tous de la même espèce», a expliqué Zhao Zhengrong à l'AFP.
Il faisait ainsi référence à l'offensive antimafia lancée par Bo Xilai dans son fief du sud-ouest de la Chine qui, selon des sources concordantes, s'est accompagnée d'un usage étendu de la torture, sur fond de campagne néomaoïste ayant notamment remis au goût du jour les chants révolutionnaires.
«Le comportement de Bo Xilai a provoqué de graves crimes»
Cet appel en faveur d'un limogeage de Zhou de son poste à la tête de la Commission de la politique et des lois du PCC, qui a la haute main sur la police et la justice en Chine, intervient alors que, selon des rumeurs insistantes, Zhou aurait déjà été démis de ses fonctions. Il a été accusé par des militants des droits de l'Homme d'avoir mis ses pouvoirs et ses moyens au service de la répression féroce exercée par le néoconservateur Bo Xilai contre le crime organisé à Chongqing.
«Les faits qui émergent aujourd'hui prouvent que le comportement de Bo Xilai a provoqué (...) de graves crimes», lit-on dans cette lettre datée du 4 mai. «Des gens comme Zhou Yongkang, n'ont pas seulement participé au plan de Bo Xilai visant à instaurer un "modèle de Chongqing", mais (...) lui ont apporté un soutien actif. Il ne devrait pas échapper à (la sanction de) ses crimes».
Des soutiens et des menaces
Zhao a ajouté que les 16 signataires avaient reçu beaucoup de soutien après la publication de la lettre en début de semaine sur des sites internet étrangers - mais également des menaces. Le document était visible à l'adresse: http://canyu.org/n48532c6.aspx
«Les méthodes utilisées contre la mafia détruisaient l'équité et l'indépendance de la justice», a expliqué à l'AFP Sun Wenguang, professeur retraité de l'Université du Shandong (est), «ceci a conduit a de nombreux procès injustes et a répandu la terreur dans la société». Dans un effort apparemment destiné à faire taire les spéculations sur un limogeage de Zhou, la presse officielle avait publié mardi un discours dans lequel il vantait, le 9 mai, les vertus de l'état de droit en Chine.