Procès d'Oslo: Anders Breivik affirme être «très sympathique en temps normal»
NORVEGE•Anders Breivik a également indiqué qu'il «assumait» l'assassinat des 77 victimes de la tuerie d'Oslo...20 Minutes avec AFP
Anders Behring Breivik, jugé pour le massacre de 77 personnes l'an dernier en Norvège, a repris ses explications ce vendredi, journée au cours de laquelle il devait aborder la tuerie d'Utoya au risque, selon son avocat, de choquer l'assistance.
«Je suis quelqu'un de très sympathique en temps normal», a expliqué Breivik, au cinquième jour de son procès. Mais, a-t-il précisé, il a dû refouler ses émotions, notamment en pratiquant la méditation, et couper ses liens sociaux en 2006 en vue de se préparer aux deux attaques.
Scruté par les experts-psychiatres officiels assis devant lui, il a justifié son langage «technique» très froid, pénible à entendre pour les proches des victimes -qu'il qualifie notamment de «cibles légitimes»-, par la nécessité de «se distancier» de ses actes pour pouvoir témoigner. «Si j'avais utilisé un langage plus normal, je ne pense pas que je serais parvenu à m'expliquer du tout», a-t-il dit.
En guerre contre les élites
Au cinquième jour de son procès, Breivik devait revenir en détail sur la fusillade d'environ 75 minutes au cours de laquelle il a abattu 69 personnes, essentiellement des adolescents, le 22 juillet 2011 parmi des centaines de jeunes travaillistes rassemblés sur l'île pour un camp d'été.
Ce jour-là, il avait aussi posé une bombe de près d'une tonne près du siège du gouvernement de centre-gauche norvégien, faisant huit autres victimes. Se disant en guerre contre «les élites» qui permettent «l'islamisation» de l'Europe, Breivik a reconnu les faits mais refuse de plaider coupable.
«Probablement la journée la plus difficile»
Le 22 juillet 2011, Breivik comptait exécuter, s'inspirant d'une méthode «jihadiste», des responsables de la mouvance travailliste puis tirer des coups de feu pour pousser les participants effrayés du camp d'été à se jeter à l'eau et à se noyer, a-t-il expliqué au quatrième jour de son procès.
«L'objectif était de tuer tout le monde», a-t-il déclaré d'une voix étonnamment calme. Selon la police, 569 personnes se trouvaient sur place ce jour-là. «Utoya était la cible politique la plus attractive à ce moment-là», en pleine période de vacances estivales, a dit Breivik. «J'assume Utoya. J'assume ce que j'ai fait. Je le referais», a-t-il ajouté.
«Demain sera probablement la journée la plus difficile», a déclaré jeudi soir Geir Lippestad, l'avocat de l'extrémiste de droite.
Question de la santé mentale
La question de la santé mentale de Breivik, jugé pénalement irresponsable dans une première expertise psychiatrique puis responsable par une contre-expertise, est centrale dans ce procès qui doit durer 10 semaines.
Déclaré pénalement irresponsable, il risque l'internement psychiatrique à vie. Responsable, il encourt 21 ans de prison, une peine qui pourrait ensuite être prolongée aussi longtemps qu'il sera considéré comme dangereux.