NORVÈGELe procès de Breivik, un moment crucial qui permettra de «mettre du sens dans le non-sens»

Le procès de Breivik, un moment crucial qui permettra de «mettre du sens dans le non-sens»

NORVÈGEelon un psychiatre, ce procès est capital car il va aider les Norvégiens à «reconstituer l'histoire» du 22 août 2011...
Enora Ollivier

Enora Ollivier

Le procès d’Anders Breivik, jugé après la mort de 77 personnes le 22 août 2011 à Oslo et sur l’île d’Utoya, a commencé ce lundi. Les témoins vont ainsi être confrontés pendant deux mois – les audiences doivent se terminer le 22 juin – à l’auteur d’un des plus grands massacres par arme à feu de ces dernières décennies.

Un tel procès «est important pour les survivants, car cela leur permet de mettre du sens dans le non-sens», explique Gérard Lopez, psychiatre et président de l’Institut de Victimologie. Un moment crucial non seulement pour les victimes directes mais aussi pour l’ensemble du pays car, selon le médecin, «tout le peuple norvégien était visé» par Breivik. «Il a voulu infliger à la Norvège ce qu’il pensait que la Norvège lui infligeait», avance-t-il.

«Conforter les gens dans l’idée qu’il doit être puni»

Durant ces deux mois de procès, beaucoup de personnes vont parler: les survivants, les secours, les policiers… et le meurtrier présumé. Ainsi, en confrontant les paroles, «les Norvégiens vont pouvoir reconstituer une histoire». Quant à l’attitude de l’accusé, qui est apparu fier en ce premier jour de procès, reconnaissant les meurtres mais plaidant non coupable, elle ne devrait pas perturber cette logique. «Cela ne fera que conforter les gens dans l’idée qu’il doit être puni», soutient le psychiatre, qui poursuit: «l’assistance ne percevra que mieux» la personnalité de Breivik «avec de telles rodomontades».

«Anders Behring Breivik ne m’intéresse pas, c’est un individu qui utilise ses actes horribles pour attirer l’attention et je pense que cette attention n’est pas méritée», a ainsi indiqué un survivant de la tuerie d’Utoya, àl’issue de cette première journée de procès. «Je pense que la meilleure réponse possible, c’est un procès digne de ce nom, compatible avec notre vision d’une société libre», a poursuivi le jeune homme.

De même, le risque de voir Anders Breivik déclaré pénalement irresponsable ne devrait pas amoindrir la portée du procès selon Gérard Lopez qui rappelle encore que l’important reste «ce qui est dit». Et, ajoute-t-il, le meurtrier «serait de toute façon placé dans un hôpital psychiatrique pour le restant de ses jours».