En dix mois, les experts psychiatres ne sont pas parvenus à se mettre d'accord. Les juges auront, eux, dix semaines pour déterminer si Anders Behring Breivik est fou ou sain d'esprit. Le procès de l'extrémiste de droite, qui s'ouvre ce lundi à Oslo, devrait se concentrer sur cette question. Car la responsabilité de cet homme de 33 ans dans la mort de 77 personnes, le 22 août 2011, ne souffre aucun doute. Il a reconnu avoir d'abord posé la bombe qui a coûté la vie à huit personnes, au pied de la tour qui abrite le siège du Premier ministre, avant de se rendre sur l'île d'Utoya. Déguisé en policier, il avait alors tiré, pendant plus d'une heure, sur des adolescents de la Jeunesse travailliste réunis en congrès, faisant 69 victimes supplémentaires.

En uniforme ou en queue-de-pie

Lors des premières audiences de procédure, Anders Breivik avait demandé à comparaître devant les juges en uniforme militaire ou en queue-de-pie. Mais, dans le même temps, il a toujours affirmé être parfaitement lucide. Depuis sa cellule spécialement aménagée, il a même écrit aux médias norvégiens qu'il considérait comme «l'humiliation ultime» le fait d'être pris pour un fou. Difficile de savoir qui se cache derrière cet homme, auteur d'un brûlot islamophobe de 1.500 pages, censé justifier ses actes. Même les experts n'ont pas réussi. Les premiers qui se sont penchés sur son cas ont estimé qu'il était atteint de «schizophrénie paranoïde». Les seconds, qu'il était parfaitement sain d'esprit. «C'est plus facile de penser qu'il est cinglé, nous confiait à Oslo, Ricardo, un jeune travailleur, deux mois après la tragédie. Cela nous permet de croire que personne n'en veut vraiment à notre modèle de société…» Car Breivik continue de marteler qu'il a tué «préventivement» pour éviter l'«invasion musulmane». Lors du procès, « il va même déplorer le fait de ne pas avoir été plus loin…», a d'ailleurs déjà prévenu son avocat. Les cinq juges devront dire si cela vaut d'être puni d'une peine de prison ou d'un internement en asile.