La présence au Mexique de ses parents aurait été perçue comme un «mauvais signe». Comme si Florence Cassez était déjà persuadée d'être libérée ce mercredi. Condamnée à soixante ans de prison pour une série d'enlèvements qu'elle a toujours niés, la Française sera donc seule, derrière les lourdes grilles bleues du Centro femenil de readaptacion social de Tepepan, où elle a choisi d'attendre la sentence de la Cour suprême. «Elle nous a demandé de rester en France, confirme Frank Berton, son avocat. Alors on respecte. Même si c'est dur…»

Lobbying auprès des juges

Devenu bien malgré lui spécialiste de la justice mexicaine, Frank Berton sait aussi que c'est plus sage. Si Arturo Zaldivar, le juge rapporteur de la Cour suprême demandera, ce mercredi, la «libération absolue et immédiate» de Florence Cassez, il n'est pas sûr de convaincre ses pairs. En plus de lui, quatre juges doivent statuer sur le cas de «la Française diabolique», comme l'ont surnommée les médias mexicains.

«Ils vont soumettre la sentence au vote, explique une source proche du dossier. Mais au Mexique, le lobbying auprès des juges est permis. Ils sont donc soumis aux pressions. Et c'est très chaud pour eux…» Présidente d'une association de victimes d'enlèvements, Isabel Miranda de Wallace n'a ainsi pas hésité à se rendre à la Cour suprême avec deux témoins de l'affaire Cassez. Il y a un an, elle nous confiait «être sûre à 100%» de la culpabilité de Florence Cassez.

Elle assurait aussi n'avoir aucune ambition politique. Aujourd'hui, elle est candidate à la mairie de Mexico sous les couleurs du PAN (parti présidentiel, classé à droite). Car l'affaire Cassez est bien devenue politique. «S'ils la libèrent, les juges désavouent les politiques, les policiers et les juges qui l'ont envoyée et maintenue en prison depuis 2005.» Une grande responsabilité à trois mois et demi du premier tour de la présidentielle.