Né pour être Premier ministre? Rahul Gandhi sous le feu des projecteurs

Né pour être Premier ministre? Rahul Gandhi sous le feu des projecteurs

Rahul Gandhi n'a aucune expérience ministérielle, n'a jamais siégé au gouvernement et se montre réservé sur sa vision du combat politique. Mais l'arrière-petit-fils de Nehru est depuis longtemps considéré comme le prochain Premier ministre de l'Inde.
© 2012 AFP

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Rahul Gandhi n'a aucune expérience ministérielle, n'a jamais siégé au gouvernement et se montre réservé sur sa vision du combat politique. Mais l'arrière-petit-fils de Nehru est depuis longtemps considéré comme le prochain Premier ministre de l'Inde.

A l'occasion d'un scrutin dans l'un des Etats les plus peuplés du pays, l'Uttar Pradesh (nord), qui votera à partir de mercredi pour élire son nouveau gouvernement local, il est monté sur le devant de la scène pour mener campagne, un test de mesure de sa popularité et de sa capacité à mobiliser les foules.

A 41 ans, le petit-fils de la Première ministre Indira Gandhi, assassinée en 1984, et fils de Sonia Gandhi, présidente du parti du Congrès, au pouvoir, fait l'objet de toutes les attentes depuis l'assassinat de son père Rajiv, en 1991.

Un succès électoral pour le parti du Congrès électriserait ceux qui le voient déjà comme le successeur de Manmohan Singh; un échec alimenterait les doutes de nombreux observateurs dont certains, loyalistes à la dynastie Gandhi, préfèrent prédire un avenir politique à sa soeur, Priyanka.

Vêtu d'une tunique immaculée et chaussé de tennis --sa tenue fétiche de "terrain"-- le président de la branche jeunesse du parti du Congrès n'a pas ménagé sa peine, la semaine dernière, pour introduire les candidats aux 5.000 personnes rassemblées dans un champ de la ville poussiéreuse de Sitapur.

Le parti du Congrès n'a pas remporté les élections depuis 22 ans dans l'Uttar Pradesh, aujourd'hui dirigé par "la reine des intouchables", connue sous le nom de Mayawati, la chef du Bahujan Samaj Party (BSP, le Parti de la société dalit) et chef du gouvernement local depuis 2007.

Mayawati, dont l'administration a été accusée de corruption et qui est taxée de mégalomanie pour avoir érigé des statues d'icônes intouchables, dont elle-même, fait de nouveau campagne de son côté.

Elle draîne à chaque meeting des dizaines de milliers d'habitants, aimantés par son discours à la gloire des plus basses castes, qui se plaignent toujours de discriminations dans la société en dépit de l'abolition de l'"intouchabilité" dans la Constitution indienne du 26 janvier 1950.

Mais pour Gandhi, l'Etat de 200 millions d'habitants s'est enfoncé dans la corruption et la pauvreté.

"Je suis en colère quand je vois que l'Etat est à la traîne par rapport au reste du pays", a-t-il lancé, en référence aux indicateurs parmi les pires de l'Inde en matière de mortalité infantile, espérance de vie, taux d'alphabétisation et de malnutrition.

Mayawati, qui se veut la porte-voix des opprimés, a perdu le contact avec la population, a-t-il plaidé, se posant comme un homme à l'écoute de la souffrance.

"Oui, j'ai étudié en Angleterre et plus tard aux Etats-Unis mais ce que j'ai appris à vos côtés au cours des sept dernières années est sans commune mesure", a-t-il assuré.

Sans l'illustre lignée familiale, Rahul Gandhi, toujours célibataire, serait un candidat improbable au fauteuil de Premier ministre, même s'il a gagné en assurance depuis ses débuts en 2004.

L'homme, que l'on croise parfois entouré de gardes du corps dans des dîners en ville à New Delhi, tient peu de conférences de presse, accorde peu d'entretiens, et lorsqu'il se risque à parler en public, il le fait toujours dans des villages reculés au cours d'apparitions soigneusement contrôlées.

Une seule exception à un parcours que certains jugent trop lisse: lors de manifestations monstres contre la corruption en août dernier, il prononça un discours énergique devant un parlement médusé.

"J'ai parcouru le pays en long et en large. J'ai rencontré des dizaines d'habitants, riches et pauvres, jeunes et vieux (...). Je crois qu'il faut donner le pouvoir aux jeunes, ouvrir les portes de notre système politique fermé", avait-il lancé.

Des télégrammes diplomatiques américains révélés par WikiLeaks le qualifiaient en 2004 d'"homme sans consistance". Pour se faire un prénom, il "devra se salir les mains dans la politique indienne, tumultueuse et sans pitié", ajoutaient-ils.

Lundi, Rahul Gandhi a assuré ne pas avoir "l'obsession" d'être Premier ministre.

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