Scandale de corruption en Espagne: le gendre du roi convoqué devant le juge
Le gendre du roi d'Espagne, Inaki Urdangarin, a été convoqué ...© 2011 AFP
Le gendre du roi d'Espagne, Inaki Urdangarin, a été convoqué le 6 février devant le juge chargé de l'enquête sur une affaire de corruption présumée, donnant une nouvelle dimension au premier scandale de ce type touchant le roi Juan Carlos, qui jouit d'une grande popularité.
L'enquête porte sur la "falsification de documents, le détournement de fonds publics et la fraude", selon l'une des pièces du dossier auquel l'AFP a eu accès.
Le duc de Palma sera entendu par le juge d'instruction José Castro Aragon, à Palma de Majorque, sur "l'utilisation des fonds publics" reçus des régions des Baléares et de Valence et sur les déclarations fiscales correspondantes, selon un communiqué du tribunal supérieur de justice des Baléares.
L'avocat d'Inaki Urdangarin, Mario Pascual Vives, qui est également son porte-parole, a affirmé jeudi devant des journalistes que son client était "totalement innocent".
"Tout ce qui est sorti, tous les commentaires, toutes les informations, ont logiquement porté atteinte ou prétendaient porter atteinte, disons, à son honorabilité", a-t-il ajouté, faisant allusion aux médias qui enchaînent les révélations sur cette affaire. Mais "il va désormais avoir l'occasion de commencer à se défendre", a-t-il poursuivi.
La décision du juge "ne modifie pas notre position. Nous respectons la procédure judiciaire comme nous l'avons toujours fait dans ce dossier. Nous n'avons aucun commentaire", a affirmé pour sa part à l'AFP un responsable de la Maison royale.
Inaki Urdangarin, ancien champion de handball de 43 ans marié à l'infante Cristina, la plus jeune des filles du roi Juan Carlos et de la reine Sofia, est cité dans cette enquête pour corruption présumée impliquant l'Institut Noos, une société de mécénat qu'il a présidée entre 2004 et 2006.
L'enquête porte notamment sur 2,3 millions d'euros encaissés par la société pour l'organisation du Forum Iles Balears, un congrès sur le tourisme et le sport qui a eu lieu en 2005 et 2006. Mais au total, les malversations présumées concernent des contrats d'un montant total d'environ six millions d'euros, selon des médias.
Diego Torres, alors associé de M. Urdangarin, a déjà été inculpé dans cette affaire.
Sommé par le roi dès 2006 d'abandonner la présidence de Noos, le duc de Palma avait accepté la même année un poste chez Telefonica qui l'avait ensuite muté à Washington en 2009, où il demeure encore avec sa famille.
Mercredi, la Maison royale avait rendu ses comptes publics, pour la première fois depuis l'avènement de la démocratie en Espagne. Cette décision a été largement interprétée par la presse comme un geste de transparence au moment où l'affaire Urdangarin écorne l'image de la discrète famille royale.
Le choix de rendre public le salaire du roi avait d'ailleurs été annoncé le 12 décembre, en même temps que celui d'écarter Inaki Urdangarin des apparitions officielles de la famille royale.
Mardi, Juan Carlos a inauguré la 10e législature du Parlement à Madrid en l'absence inédite de ses filles, Elena et Cristina.
L'affaire a pris une tournure des plus embarrassantes pour le roi Juan Carlos, un homme très respecté pour avoir mené l'Espagne vers la démocratie après la mort de Francisco Franco en 1975, qui n'avait jamais été touché de si près par une affaire de ce type.
D'autant que l'image de la Couronne s'en ressent dans les sondages, dans les commentaires sur internet et dans la rue.
"C'est une honte, car une personne qui fait partie de la famille royale devrait avoir un comportement irréprochable", s'indigne Angel Martinez, un touriste de 28 ans de la région de Valence, se promenant devant le Palais royal à Madrid.
Non loin de lui, Pilar Limon, 58 ans, renchérit: "La figure du roi reste intouchable, mais le roi ne va pas être éternellement parmi nous, c'est là le problème".