L'épave de l'Arizona pleure toujours, 70 ans après Pearl Harbor

L'épave de l'Arizona pleure toujours, 70 ans après Pearl Harbor

Soixante-dix ans après Pearl Harbor, l'épave de l'Arizona, énorme cuirassé coulé par l'aviation japonaise, laisse toujours s'échapper de l'essence, évoquant pour certains les larmes du millier de marins engloutis avec le navire.
© 2011 AFP

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Soixante-dix ans après Pearl Harbor, l'épave de l'Arizona, énorme cuirassé coulé par l'aviation japonaise, laisse toujours s'échapper de l'essence, évoquant pour certains les larmes du millier de marins engloutis avec le navire.

Le 7 décembre 1941 à l'aube, le Japon réveille le "géant endormi" américain en bombardant la flotte du Pacifique ancrée dans la base de Pearl Harbor, dans l'archipel d'Hawaii. En deux heures, une vingtaine de bâtiments sont coulés ou endommagés et 164 avions détruits.

Dénonçant "une date qui restera à jamais marquée dans l'Histoire comme un jour d’infamie", le président Franklin Roosevelt déclare la guerre au Japon, changeant le cours de la Seconde Guerre mondiale au moment où nombre de ses compatriotes espéraient encore échapper au conflit.

Sur les 2.400 Américains qui ont péri à Pearl Harbor, près de la moitié, 1.177 exactement, sont morts en quelques secondes à bord de l'Arizona, lorsqu'une bombe a fait sauter le dépôt de munitions du navire, qui brûlera pendant près de trois jours.

Aujourd'hui, l'épave reste visible, affleurant à la surface. Une de ses tourelles rouillées émerge nettement, surmontée d'un drapeau américain. Chaque jour, des centaines de visiteurs contemplent le navire depuis un mémorial construit juste au-dessus de l'épave.

"C'est un gros morceau d'histoire. C'est très impressionnant", commente Gord Woodward, un touriste canadien, au-dessus du bâtiment officiellement considéré comme un cimetière militaire.

Ce qui ne manque pas d'impressionner les touristes, ce sont les gouttes d'essence qui remontent à la surface toutes les 20 à 30 secondes.

"Certains appellent ça les 'larmes noires', comme si les hommes pleuraient toujours à l'intérieur du navire", raconte l'un des guides à bord du mémorial.

Du pétrole à tous les étages

Avant l'attaque, les réservoirs de l'Arizona étaient pleins à ras bord de 5.700 tonnes de carburant, le bâtiment devant être prêt à appareiller en cas de conflit. Une partie des réservoirs a été détruite par l'explosion, mais ceux de l'arrière n'ont été que fissurés, explique Daniel Martinez, historien rattaché au mémorial de l'Arizona.

Depuis, le navire suinte au rythme de 3,5 litres par jour, selon l'historien, pour qui "écologiquement parlant, ça ne pose pas un gros problème". "Nous ne savons pas vraiment quelle est la quantité d'essence qui reste à l'intérieur", reconnaît-il toutefois.

M. Martinez, qui a plongé plusieurs fois dans la coque, témoigne qu'à chaque niveau flotte une couche de carburant de 30 cm à un mètre d'épaisseur. Il assure que l'Arizona n'en est pas moins devenu un récif corallien, qui accueille des milliers d'espèces de poissons.

"Deux tortues marines ont même élu domicile à l'intérieur", raconte-t-il à l'AFP.

L'historien reconnaît qu'une marée noire pourrait envahir la rade du "Port de la Perle" si l'épave venait à craquer, libérant d'un coup son carburant résiduel. "Nous sommes parfaitement conscients de ce risque, mais le navire semble suffisamment solide pour prévenir une fuite massive de pétrole", espère-t-il.

Des études ont établi que la structure métallique du bâtiment, construit pendant la Première Guerre mondiale, pouvait tenir encore 600 à 800 ans. Au pire, "des barrages pourraient entièrement encercler l'épave en l'espace de 30 minutes", promet M. Martinez.

Mercredi, une centaine de survivants de Pearl Harbor, dont sept se trouvaient à bord de l'Arizona, défileront pour la cérémonie commémorative sur la base navale qui reste en activité. Alors que les drapeaux seront en berne partout aux Etats-Unis, une minute de silence sera observée à 07H55 (17H55 GMT), à l'heure où tombèrent les premières bombes.

Dans l'après-midi, les cendres de Vernon Olsen, un rescapé de l'Arizona décédé l'an dernier, seront immergées à l'intérieur du navire. Depuis 1941, une trentaine d'anciens marins ont ainsi rejoint leurs camarades dans cette tombe sous-marine.

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