Tchétchénie: Des stars à gogo pour l'anniversaire du Président Kadyrov
RUSSIE•Des acteurs comme Kevin Costner et Eva Mendes seraient de la partie...Faustine Vincent
L'excentrique président tchétchène Ramzan Kadyrov, qui fête ce mercredi ses 35 ans, a prévenu les habitants de Grozny dès jeudi dernier: interdiction de célébrer publiquement son anniversaire. Quiconque tentera de l'approcher ou de lui offrir un cadeau sera viré. La ville est, en revanche, invitée à festoyer pour le «Grozny City Day», déplacée officiellement au 5 octobre en 2008 pour coïncider avec l'anniversaire du Président, au nom de «l'immense contribution personnelle» qu'il a apportée à la reconstruction de la ville, en ruine il y a encore quelques années.
Pour l'occasion, des stars internationales ont été invitées moyennant un très gros chèque. Parmi elles, les acteurs américains Kevin Costner, Hillary Swank et Eva Mendes. La chanteuse Shakira, dont le nom a aussi été mentionné, a démenti sa participation. Un grand concert se tiendra tout de même en plein centre-ville, où sera inauguré un immense complexe abritant notamment des hôtels cinq étoiles et un centre d'affaires.
«L'impunité et l'arbitraire règnent toujours»
Kadyrov, qui aime le luxe et les paillettes, a vu les choses en grand. Aussi grand que le culte de la personnalité qu'il a instauré dans le pays depuis son élection en 2007, et auquel la population est sommée de se plier pour espérer échapper aux menaces, intimidations, disparitions et torture de ses milices.
«De l'extérieur, on a l'impression que la vie bat son plein à Grozny, entièrement reconstruite et où se déroulent des concerts et festivités. La réalité est bien plus triste», soupire Sacha Koulaeva, responsable de l'Europe de l'Est et de l'Asie centrale à la Fédération internationale des droits de l'homme (Fidh).
De fait, «l'impunité et l'arbitraire règnent toujours. Et depuis que les forces russes ont inculqué le pouvoir d'intimidation et de torture aux milices tchétchènes, tout le monde a peur de tout le monde. Personne n'est en sécurité». Désespérés, certains ont rejoint les rangs des combattants anti-Kadyrov, où l'on trouve aussi des islamistes durs. Les autres continuent de faire semblant.