Le cognac sauvé par le rap américain
Les grands noms du rap US célèbrent la liqueur dans leur chanson depuis les années 1990©2006 20 minutes
New York (Etats-Unis)
De notre correspondante
Quel est le point commun entre Napoléon et le rappeur Busta Rhymes ? Le cognac. Chez les rappeurs américains, c'est « Pass the Courvoisier » célèbre marque de cognac, plutôt que « Passe le oinj'» du groupe NTM. De l'aveu même de l'industrie du cognac, la mode, qui remonte aux années 1990, chez les Noirs américains a sauvé un marché, jusque-là en déclin. Ils représenteraient de 60 % à 80 % des acheteurs aux Etats-Unis. L'Amérique du Nord est désormais la première destination des exportations de cette eau-de-vie : 38,4 % du marché en 2005.
L'industrie doit une fière chandelle aux Busta Rhymes, P. Diddy ou autres Tupac, qui célèbrent leur liqueur préférée dans leurs chansons : la boisson des hommes d'affaires grisonnants est devenue terriblement tendance dans le milieu hip-hop, qui la surnomme « le yak ».
« Plus rap que country aux Etats-Unis », écrit d'ailleurs le Bureau international du cognac pour illustrer la section « renouveau » de la boisson sur son site Internet. Le rappeur Jay-Z, petit ami de la chanteuse Beyoncé Knowles, a même ouvert plusieurs clubs sur ce thème. Au menu, lumière tamisée, base-ball sur écrans géants et cognac. De toutes les marques et à tous les prix, exorbitants de préférence. « C'est 650 $ le shot, 6 500 $ la bouteille », proclame fièrement Amber, serveuse au 40/40 Club à New York. Cette bouteille, au bouchon incrusté d'un diamant, est prudemment enfermée dans une vitrine, fermée par une serrure à code secret. Elle trône dans la Rémy Room – comme Rémy Martin – au premier étage du club de Jay-Z, l'une des salles privées que l'on peut louer pour 1 500 $ la soirée, pour y savourer la boisson qui fut jadis l'élixir préféré de l'Empereur. Dans la Cognac Room, on peut – luxe suprême aux Etats-Unis – y ajouter le plaisir de fumer des cigares cubains tout aussi inabordables.
Juliette Brunet