Alvaro Uribe : l’homme à la poigne de fer
Elu triomphalement en 2002, le président colombien est une personnalité ambigüe à la ligne politique dureAlvaro Uribe Velez n’est pas homme à négocier. Avocat de formation, ce fils de propriétaire terrien devient gouverneur de la région d’Antioquio, dont la capitale Medellin (où il est né en 1952) est rongée par les cartels de la drogue. Il est d’ailleurs souvent accusé de connivence avec les trafiquants, sans que ces relations soient clairement établies. Il fait ses classes au Parti Libéral avant de prendre ses distances : il juge en effet son parti trop conciliant à l'égard des rebelles et se lance en indépendant à la présidentielle de 2002. Sa fermeté à l’égard des mouvements de guérilla, il rompt tout dialogue avec les Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes (FARCS), et ses promesses de réforme le portent à la présidence dès le premier tour, avec 53% des suffrages. Il incarne alors l’autorité et l’intransigeance face à la terreur semée parla guérilla. Son approche radicale pour résoudre le conflit n'a pas bougé d'un iota. Il accepte tout juste la création d’une zone démilitarisée, en 2005, pour aider à la libération d’otages négociées par les européens avec les Farcs.
Mais Alvaro Uribe est une personnalité ambiguë à l'image du slogan de sa campagne, en 2002 : « un homme à la poigne de fer mais au cœur généreux ». De nombreux défenseurs des droits de l'homme l’accusent d'être un des fondateurs des groupes paramilitaires. L'histoire remonte au milieu des années 1990. Alors gouverneur d'Antioquia de 1995 à 1997, il crée les Convivir, des milices de civils qui seront supprimées en 1999 en raison des abus commis. Certaines deviendront des groupes paramilitaires. L'enthousiasme avec lequel il multiplie ces milices légales font peser sur lui des soupçons qu’il réfute avec virulence.
Il assume néanmoins sa politique ultra sécuritaire qui vise à éradiquer les mouvements de guérilla. Son « Plan Colombie » est une stratégie de défense radicale qui militarise énormément le pays et aboutit à une radicalisation des Farc. Les chiffres penchent néanmoins de son côté : son gouvernement est celui qui a autorisé le plus d’extraditions de trafiquants de drogue et le nombre de kidnapping et de meurtres a baissé.
Son soutien aux Etats-Unis pour leur intervention en Irak lui vaut d’être considéré comme un allié de choix, rare dans une Amérique Latine où déferle une vague de gauche.