Liberia, la quête de la stabilité

Liberia, la quête de la stabilité

Alors que sa présidente, est en visite en France, retour sur l'histoire du premier pays libre d'Afrique

Fondé en 1822 par des esclaves noirs affranchis, le Liberia devient, en juillet 1847, la première République libre d'Afrique noire. Le pays sombre dans la guerre civile en 1990 et cherche depuis une stabilité peut-être incarnée par la présidente Ellen Johnson-Sirleaf, élue en octobre 2005.

1822
Les esclaves noirs affranchis, venus des Etats-Unis, fondent la plus ancienne République d’Afrique à l’emplacement de son actuelle capitale, Monrovia.

26 juillet 1847
La République acquiert son indépendance et se dote d’une Constitution semblable à celle des Etats-Unis. Elle est alors dirigée par les descendants d’anciens esclaves, les Afro-Américains qui représentent 4% de la population. Leurs descendants, dits Américano-Libériens, monopolisent le pouvoir à leur profit durant un siècle, grâce au suffrage censitaire, avant d’accorder le droit de vote aux autochtones en après la Seconde Guerre mondiale.

1945
Le président William Tubman, au pouvoir depuis 1943, poursuit sa politique d’intégration des autochtones, notamment en leur accordant le droit de vote. Constamment réélu, il reste au pouvoir jusqu'à sa mort en 1971. Son vice-président, William Tolbert, lui succède.

1960 – 1980
Le Liberia entre dans une période de prospérité : des multinationales, américaines et allemandes notamment, s’installent et exploitent les minerais de fer. A partir de 1971, le nouveau président centre sa politique sur l’amélioration économique du pays. Malgré ses efforts, il accentue les clivages entre la minorité aisée des Américo-Libériens et les autochtones.

1980 - 1990
Le président Tolbert est renversé et assassiné lors d’un coup d’Etat sanglant mené par le sergent-chef Samuel K. Doe, membre de l’ethnie Krahn. La longue domination des Américo-Libériens prend fin, le pouvoir est désormais entre les mains des autochtones.
L’espoir d’une unité est de courte durée : victorieux des élections générales de 1985, dont l’issue du scrutin est contestée par l’opposition, Samuel K. Doe instaure rapidement une dictature et alimente les tensions ethniques. Quatre ans plus tard, le Front national patriotique du Liberia (NPLF) de Charles Taylor se rebelle. En quelques mois, il s’empare de la quasi-totalité du territoire. Samule K. Doe est capturé en 1990 et torturé à mort par un chef rebelle, Prince Johnson.

1990 – 1996
Une des plus terrible guerre civile du continent africain déchire le Liberia : au moins sept factions rivales s’affrontent. Le conflit s’achève en août 1996, avec la signature d’un accord de paix parrainé par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). La guerre a fait 250 000 morts et obligé un quart de la population à se déplacer.

1997 - 2002
Prévue dans les accords de paix, l’élection présidentielle se déroule le 19 juillet et porte Charles Taylor au pouvoir, avec 75% des suffrages.
Plusieurs conflits entre le gouvernement et des groupes rebelles perturbent encore la stabilité du pays. Dans un climat de tensions, notamment avec la Guinée, l’ONU accuse le président d’alimenter le conflit en Sierra Leone - ravagée par la guerre civile (1991 – 2002) – en profitant du trafic d’armes et de diamants avec les rebelles. L’ONU impose des sanctions au Liberia pour qu’il rompe ses relations avec les rebelles sierra-léonais du Front révolutionnaire uni (RUF). Le 8 février 2002, l’Etat d’urgence est décrété alors que le mouvement rebelle des Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (LURD) progresse vers Monrovia.

2003
Alors qu’il rejette toute idée de partage du pouvoir avec lee LURD, Charles Taylor est inculpé le 4 juin par le Tribunal spécial pour les crimes de guerre en Sierra Leone. L’ex-président fuit au Nigeria le 11 août. Une semaine plus tard, un accord de paix entre les forces rebelles et le gouvernement est signé au Ghana. Cet accord prévoit la formation d’un gouvernement intermédiaire.
La Mission des Nations Unies au Liberia (Minul) entre en fonction le 1er octobre. Le 14, un nouveau président, Guyde Bryant, est investi pour diriger le gouvernement de transition jusqu’aux élections de 2005. George Dweh, membre fondateur des LURD, est élu président du Parlement. Le début du processus de désarmement commence le 7 décembre.

2004 – 2005
La Minul commence à se déployer dans le Nord du pays, fief des LURD et point de départ de l’insurrection en 1999. Le 3 novembre 2004, les factions impliquée dans la guerre civile, à savoir les LURD, le Model (Mouvement pour la démocratie au Liberia) et les forces pro-Taylor, sont officiellement démantelées.
Le 21 juin 2005, l’Onu proroge pour six mois l’embargo international sur les diamants et le bois du Liberia. Les Nations Unies reprochent également au gouvernement en place de n’avoir pas gelé les avoirs de Charles Taylor, toujours en fuite malgré le maintient de l’inculpation du tribunal spécial. De nombreux pays africains refusent la proposition américaine souhaitant que la Minul dispose d’un mandat l’autorisant à arrêter l’ancien président.
En septembre 2005, l’Onu renforce sa mission en vue des élections présidentielle et prolonge le mandat de la Minul jusqu’en mars 2006. Le 11 octobre, les Liberiens sont appelés aux urnes pour la première fois depuis quatorze ans. Ils élisent Ellen Johnson-Sirleaf, ex-ministre des finances sous William Tolbert et première femme à accéder à ce poste en Afrique.

Fiche pays

Carte du Liberia