JUSTICEBelgique: L'ex-femme de Marc Dutroux va être libérée

Belgique: L'ex-femme de Marc Dutroux va être libérée

JUSTICEMais pas ce mardi. Ce qui n'éteint pas la polémique qui secoue le pays depuis lundi...
Bérénice Dubuc

Bérénice Dubuc

Il ne fera pas appel. Le procureur général de Mons a annoncé ce mardi après-midi qu'il n'introduirait pas de pourvoi en cassation contre la décision de libération de Michelle Martin. Il a annoncé qu'il n'introduirait pas de recours contre cette décision, qu'il a jugée régulière, même s'il a indiqué ne pas l'approuver. Cependant, l'ex-femme et complice du meurtrier pédophile belge Marc Dutroux ne sortira pas de prison ce mardi, au grand soulagement des familles des victimes.

En effet, comme l'a annoncé le ministre belge de la Justice, Stefaan De Clerck sur la RTBF, même si le tribunal d'application des peines de Mons a donné lundi son feu vert à sa remise en liberté conditionnelle, Michelle Martin va devoir attendre: son plan de réinsertion prévoyant un hébergement dans un couvent français, les autorités belges doivent «prendre contact avec la France» pour «s'assurer que toutes les conditions soient respectées», a expliqué Stefaan De Clerck.

En clair, la France doit décider si elle consent à effectuer le contrôle des conditions de cette libération via ses agents de probation. Une décision qui ne devrait intervenir que dans «quelques semaines» au plus tôt, selon des sources pénitentiaires citées par le quotidien belge Le Soir.

Incompréhension et émotion

Ce qui exclut de fait une remise en liberté immédiate, et apporte un véritable soulagement à la Belgique. En effet, l'annonce de la prochaine libération de Michelle Martin, 51 ans, a replongé le pays dans l’horreur de l'affaire Dutroux, qui avait profondément choqué le royaume et le monde dans les années 90. Michelle Martin et Marc Dutroux ont tous les deux été arrêtés en 1996.

En 2004, cette ancienne institutrice, mère de trois enfants nés de son union avec Dutroux, a été condamnée en 2004 à 30 ans de prison après avoir été reconnue coupable de complicité dans l’enlèvement, la séquestration et le meurtre de six adolescentes, âgées de 8 à 19 ans, dans les années 1990. Elle a laissé mourir de faim les deux plus jeunes d'entre elles, Julie Lejeune et Melissa Russo, âgées de 8 ans, emmurées vivantes dans un cachot aménagé par le couple dans sa maison de Marcinelle, près de Charleroi.

Lundi, après avoir appris la nouvelle de cette prochaine libération, avocats et parents des victimes ont fait savoir leur incompréhension et leur émotion. Paul Marchal, le père d’An, a indiqué que cette nouvelle était «très pénible» à apprendre. Jean-Denis Lejeune, père de la petite Julie, s’est dit «choqué», estimant qu’on allait «peut-être remettre un monstre dans la rue» ce mardi, car, «pendant trois mois, quand Dutroux était en prison, elle avait la possibilité de libérer les petites, voire au moins de les nourrir, pour leur laisser une chance de vivre, et elle ne l’a pas fait».

Appels au meurtre sur Facebook

Le même jour, une page Facebook intitulée «Contre la libération de Michelle Martin» a ainsi été créée, avant d’être supprimée ce mardi matin. Au-delà des quelque 80.000 signatures recueillies et des commentaires d’incompréhension - «Est-ce normal que l’on relâche ce genre de monstre dans la nature? La justice ne se moquerait-elle pas de nous? Il faut dire NON à sa libération!» -, certains étaient clairement haineux, appelant même parfois au meurtre. Cependant, de nombreuses autres pages ont été créees depuis.

Ce mardi matin, la presse belge, notamment francophone, se faisait unanimement l’écho de l'incompréhension de l'opinion publique vis-à-vis de cette décision de justice, la Dernière Heure alignant par exemple « Inadmissible, scandaleux, insultant, écoeurant, choquant, incompréhensible, honteux» à côté d’une photo de Michelle Martin.

Signe de la vive émotion qui traverse le pays tout entier, un appel à manifester devant le palais de Justice de Bruxelles ce mardi à 16h, heure à laquelle le procureur général près la cour d'appel de Mons doit annoncer s'il introduit ou non un pourvoi en cassation, a en outre été lancé pour protester contre l’éventuelle libération de Michèle Martin. Selon la police bruxelloise citée par l'agence Belga, «au moins 2.500 personnes devraient être présentes».