Mort de Ben Laden: Pas informé de l'opération américaine, le Pakistan est dans l'embarras
TERRORISME•Les Etats-Unis ne lui ont pas fait confiance pour le faire collaborer à l'assaut...C.C. avec Reuters
Le président pakistanais s'est efforcé ce mardi de dissiper les soupçons qui pèsent sur l'attitude de son gouvernement à l'égard d'Oussama ben Laden, tout en reconnaissant ne pas avoir été informé de l'opération américaine qui a coûté la vie au chef d'Al-Qaida.
Crainte que le Pakistan ne compromette l’opération
Selon le directeur sortant de la CIA, Leon Panetta, qui s'exprime ce mardi dans la revue Time, les autorités américaines craignaient que le Pakistan ne compromette l'opération en «alertant les cibles». L'homme le plus recherché de la planète depuis une décennie a été abattu dans la luxueuse résidence qu'il occupait à Abbottabad, ville de garnison située à une soixantaine de kilomètres au nord d'Islamabad, la capitale. Ces révélations ont amené de nombreux élus américains à demander une suspension de l'aide américaine au Pakistan.
Les premières explications du président Azif Ali Zardari, livrées dans une tribune publiée par le Washington Post, n'ont guère dissipé les soupçons. «Certains, dans la presse américaine, ont suggéré que le Pakistan manquait de vitalité dans la lutte contre le terrorisme ou, pire, que nous manquions de sincérité et que nous protégions les terroristes que nous prétendons poursuivre. De telles spéculations infondées aiguisent peut-être la curiosité des chaînes d'informations câblées, mais elles ne reflètent pas les faits», écrit-il.
Le Pakistan profondément préoccupé
La situation géographique du repaire où le chef de file d'Al-Qaida se cachait peut-être depuis cinq ou six ans pose l'embarrassante question de l'efficacité de l'armée et du renseignement pakistanais ou même de leur éventuelle complicité.
La méfiance que ces liens ont suscitée à Washington a sans doute pesé dans la décision de ne pas informer à l'avance Islamabad de l'opération dans le repaire de Ben Laden. Tout comme le chef de l'Etat, le ministère des Affaires étrangères a reconnu avoir été tenu dans l'ignorance, mais assure que les services de renseignement pakistanais échangeaient depuis 2009 des informations au sujet de la résidence d'Abbottabad avec la CIA. Regrettant de ne pas avoir été prévenu, le ministère dit avoir exprimé sa «profonde préoccupation» aux Etats-Unis.
Des photos diffusées prochainement?
Oussama ben Laden «ne se trouvait pas où nous ne pensions, mais, désormais, il n'est plus», poursuit Asif Ali Zardari dans sa tribune. «Bien que l'opération de dimanche n'ait pas été une action conjointe, une décennie de coopération et de partenariat entre les Etats-Unis et le Pakistan a conduit à l'élimination d'Oussama ben Laden comme menace persistante pour le monde civilisé», souligne-t-il, sans plus d'argument pour la défense de ses services de sécurité et de renseignement.
A Washington, John Brennan, conseiller de Barack Obama pour la lutte antiterroriste, a déclaré que des photos de l'immersion en mer du corps de Ben Laden pourraient être diffusées prochainement. Celle de son cadavre en revanche pose toujours problème, jugée trop «horrible» par la Maison Blanche.